top of page
  • Photo du rédacteurMarc THOMAS

2. Fragiles et faillibles

Dernière mise à jour : 29 janv. 2023

Des célébrations prophétiques

pour une Eglise signe de salut crédible

dans un monde en crise




2. Dans des représentations qui valorisent le plus beau, le plus fort, le plus clinquant, dans une société qui stigmatise toute erreur, qui juge et qui accuse,

CÉLÉBRER ET NOUS RECONNAÎTRE FRAGILES ET FAILLIBLES


Dans la vie quotidienne, les hommes soignent souvent leur image et accordent beaucoup d’importance à être bien vus.

Ils cherchent souvent à être les meilleurs, à être les premiers, les plus forts, les plus intelligents… et quand ils ne le sont pas, ils culpabilisent ou deviennent jaloux !

Si nous sommes imparfaits ou dans l’erreur, nous disons souvent : « ce n’est pas de ma faute » et nous accusons facilement les autres ou les évènements… ou nous nous accusons nous-même et nous nous dévalorisons à nos propres yeux.

Si c’est l’autre qui se trompe ou qui est en faute, nous nous précipitons souvent à le juger ou à aller raconter partout ce qu’il a fait… ou nous nous taisons et subissons dans la rancœur et le remord.


Prophètes quand nous nous reconnaissons faillibles et fragiles


Dès le début de la célébration eucharistique, l’assemblée qui célèbre et chacun des participants sont invités à se reconnaître petits et pécheurs. Nous disons : Je confesse à Dieu tout puissant… ET je reconnais devant vous, frères et sœurs, que j’ai péché…


Attitude tellement différente de celle que nous avons souvent quand nous voulons présenter aux autres la meilleure image de nous, quand nous avons si peur que nos défauts soient démasqués et jugés !


Attitude prophétique de la célébration qui nous permet de reconnaître nos fragilités et nos limites, nos erreurs et nos fautes ! Car nous croyons que Dieu se fait proches de ceux qui se reconnaissent petits, et que même nos péchés n’ont jamais empêché Dieu de nous aimer et de nous sauver.


Attitude prophétique de la célébration où cette reconnaissance de nos péchés et de notre petitesse peut se faire les uns devant les autres, sans jugements ni moqueries, nous reconnaissant tous ensemble pécheurs, dans la confiance en la communion fraternelle qui n’est jamais accusatrice mais toujours soutien.


Jésus et les pécheurs


Jésus dit : Venez à moi, vous tous qui peinez sous le poids du fardeau, et moi, je vous procurerai le repos. (Mt 11, 28)


Dans l’Evangile, Jésus s’invite chez Zachée, le collaborateur, le voleur, le pêcheur, et c’est chez lui qu’il va demeurer, au grand dam des religieux bien-pensants de l’époque.


Les scribes et pharisiens, responsables religieux de l’époque, amènent à Jésus une femme prise en flagrant délit d’adultère lui demandant de la juger par lapidation selon la loi de Moïse. Jésus dit : Celui d’entre vous qui est sans péché, qu’il soit le premier à lui jeter une pierre » Puis il dit à la femme : « Moi non plus, je ne te condamne pas. Va, et désormais ne pèche plus. » (Jn 8, 1-11).


Le publicain reconnaissant ses fautes au fond de la synagogue est sorti justifié, mais le pharisien bien-pensant et fier de bien pratiquer sa religion n’est plus un homme juste (Luc 18, 9-14)


Il a suffi à l’enfant prodigue de reconnaître son égarement et de retourner vers son Père pour que ce Père l’accueille, ne le laissant même pas exprimer la confession de ses péchés, mais le revêtant aussitôt de la robe de fête d’un enfant revenu à la vie. (Luc 15, 11-32)


Jésus en Croix, entouré de deux brigands. Il suffit que l’un d’eux se retourne vers lui pour s’entendre dire : Aujourd’hui, avec moi, tu seras dans le Paradis (Luc 23, 43).


EGLISE DE PÉCHEURS


L’Eglise est prophétique pour le monde quand elle commence par se reconnaître humble et pécheresse.


Nos célébrations sont prophétiques pour le monde quand nous les vivons non comme des bien-pensant forts de leurs convictions, ni comme des repentis soumis par leurs pénitences, mais comme des pécheurs conscients, reconnaissants et pardonnés.


Nos célébrations, nos communautés et nos relations avec la société sont prophétiques quand elles manifestent et affirment que personne n’est jugé ni exclu quelle que soit sa misère… que tout humain peut venir déposer le poids de sa peine ou de sa faute… que tout humain, quoi qu’il ait fait, peut être accueilli en frère et sœur quand il reconnaît ses limites et ses éventuelles fautes.


Déjà par le prophète Isaïe, le Dieu de la Bible disait à son peuple (Is 1, 13-18) : Cessez d’apporter de vaines offrandes ; j’ai horreur de votre encens. Les nouvelles lunes, les sabbats, les assemblées, je n’en peux plus de ces crimes et de ces fêtes. (…)


Quand vous étendez les mains, je détourne les yeux. Vous avez beau multiplier les prières, je n’écoute pas : vos mains sont pleines de sang.

Lavez-vous, purifiez-vous, ôtez de ma vue vos actions mauvaises, cessez de faire le mal. Apprenez à faire le bien : recherchez le droit, mettez au pas l’oppresseur, rendez justice à l’orphelin, défendez la cause de la veuve.


Venez, et discutons – dit le Seigneur. Si vos péchés sont comme l’écarlate, ils deviendront aussi blancs que neige. S’ils sont rouges comme le vermillon, ils deviendront comme de la laine.


Aujourd’hui, l’Eglise est secouée par les affaires de pédophilie et de déviances sexuelles tenues dans le silence si longtemps et maintenant révélées au grand jour. C’est extrêmement douloureux pour les croyants, et parfois objet de dérision pour ceux qui ont rejeté l’Eglise depuis longtemps ou qui refusaient qu’elle dicte ses principes moraux…


Certains voudraient cacher ou minimiser. D’autres voudraient stigmatiser les « brebis galeuses ». C’est plutôt l’occasion pour tous de faire la vérité : Jésus dit en effet : qui commet le péché est esclave du péché. La vérité vous rendra libre (Jn 8, 32-34). C’est l’occasion pour l’Eglise d’être davantage prophétique en proclamant à la face d’un monde de déni et de fausses justifications : Je confesse à Dieu tout puissant… ET je reconnais devant vous, frères et sœurs, que j’ai péché…


Comme Pierre avait renié trois fois Jésus au pire des moments… Ce même Pierre à qui Jésus demande par trois fois : Pierre, m’aimes-tu ? pour conclure : Sois le berger de mes brebis (Jn21, 15-17). Le Pierre renégat n’a pas effacé le Pierre aimant, et Jésus Sauveur n’a pas détourné son regard de lui. Ainsi aujourd’hui, l’Eglise fragile et faillible, comme Pierre et comme la femme adultère, est appelée à accueillir la Bonne Nouvelle avant de l’annoncer, à s’y convertir pour pouvoir à nouveau en être le témoin…


ÉGLISE DE PÉCHEURS PARDONNÉS


Une Eglise prophétique qui crie à la face du monde que personne ne peut être identifié et réduit à sa faute !


Des célébrations du pardon prophétiques qui rappellent la vraie théologie chrétienne selon laquelle les croyants y viennent pour confesser l’amour de Dieu qui pardonne plutôt que pour confesser leurs péchés.


Des célébrations eucharistiques prophétiques qui rappellent la vraie théologie sacramentelle selon laquelle communier au Corps et au sang du Christ absout les péchés.


Des célébrations eucharistiques prophétiques qui manifestent que personne ne peut être exclu de la communion eucharistique et fraternelle s’il choisit de se convertir et de vivre en cohérence avec sa foi.


Des célébrations et des modes de vie en Eglise prophétiques qui rappelleraient et manifesteraient que les amours blessés et les alliances rompues n’excluent personne de la communion fraternelle et eucharistique, dans la mesure où chacun cherche à recomposer et reconstruire des amours sincères.


S’il en est ainsi, pourquoi l’Eglise est-elle rejetée ou décrédibilisée ? pourquoi l’Eglise est-elle perçue comme celle fait la morale ? comme celle qui a une vérité à laquelle il faut se soumettre ? comme celle qui juge et rejette ceux qui ne respectent pas ses règles ?


Le Prophète Jésus accueillait les petits, les malades et les accablés, il s’invitait à la table des pécheurs, au grand dam des responsables religieux de son temps…


Eglise rigide et rigoriste, Eglise désincarnée et lointaine ? ou Eglise prophétique accueillante, sans condition et quoi qu’il en coûte ?


FRAGILES ET FAILLIBLES : SIGNES DE SALUT AU CŒUR DU MONDE

  • manifestant dans nos célébrations que nous ne nous reconnaissons pécheurs que parce que nous nous savons déjà aimés et pardonnés ;

  • accueillant avec gratitude le pardon de Dieu comme une grâce gratuite offerte sans condition à tous les prodigues qui se retournent vers l’amour, et non comme le résultat de nos pénitences et de l’accumulation d’attitudes qui voudraient amadouer Dieu ;

  • accueillant le pardon de nos proches et leur offrant le nôtre sans marchandage qui rendrait redevable ;

  • témoignant que la sainteté n’est pas la perfection, mais l’accueil du pardon au cœur de nos vies, de nos fragilités et de nos petitesses ;

  • renonçant à nos envies de nous justifier en permanence pour reconnaître le chemin qu’il nous reste à faire pour être en pleine cohérence avec nos valeurs ;

  • renonçant aux accusations, aux jugements, aux dénonciations, aux ladi-lafé pour se reconnaître ensemble fragiles, faillibles et capables de progrès et de changement ;

  • travaillant sur nous-même pour cesser de nous condamner nous-mêmes, de nous auto-flageller, de nous croire incapables, de nous enfermer dans nos lamentations… et vivre nos erreurs comme des occasions d’apprentissage… chercher nos capacités de progrès et leur faire confiance…

  • Etc.


Ô heureuse faute qui nous a mérité un tel et un si grand Rédempteur !

Extrait de l’Exultet de Pâques








63 vues0 commentaire

Posts récents

Voir tout

Комментарии


  • Facebook
  • Youtube
  • LinkedIn Social Icône
bottom of page