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1-La Création est-elle un Paradis ?

Il était une fois des Paradis... 1/5

Quand nos vies sont difficiles, quand le monde est bousculé, nous regrettons parfois « le bon temps », et nous rêvons souvent de paradis imaginaires, perdus et illusoires… Il nous arrive même de nous enfermer ou de fuir vers un monde d’illusions… Et de ne plus trouver de sens à notre vie réelle… Les 5 articles et émissions radio de cette série « il était une fois des paradis » vont puiser dans les récits de création et de sortie du paradis terrestre décrits par les premiers chapitres de la Bible au Livre de la Genèse : éclairer l’actualité de ces textes pour notre monde d’aujourd’hui et ouvrir des pistes pour sortir de l’illusion et du marasme et vivre aujourd’hui en hommes et femmes libres et créateurs.




Je voudrais relire ici la création du monde et la sortie du paradis terrestre des premiers humains telles qu’elles ont été décrites aux premières pages de la Bible, aux chapitres 1 à 3 du livre de la Genèse.


LE STATUT DE CE TEXTE


Le 1er chapitre de la Genèse est écrit environ 8 siècles avant Jésus Christ. Ils est très proche de récits mythologiques des cultures de l’époque en Egypte, au Proche Orient, en Asie mineure. Ce n’est pas un récit historique (les connaissances scientifiques d’aujourd’hui n’existaient pas il y a 2800 ans !), mais un récit culturel, un peu comme les fables de La Fontaine qui expriment des vérités humaines sous forme de contes.


La Genèse comporte d’ailleurs deux récits de création différents, aux chapitres 1 et 2, écrits à des périodes différentes, marqués par des représentations du monde différentes. L’objectif de ces différents textes de création du monde dans l’univers culturel de l’époque était de donner du sens aux humains : d’où venons nous ? qui sommes nous ?


Ces textes bibliques ont aussi pour objet de répondre à la question : qui est Dieu ? quelles relations entre Dieu et les humains ? Et c’est dans cette présentation du Dieu créateur que la Bible se différencie des récits mythologiques de l’époque.


QUELQUES PISTES DE LECTURE


Nous croyons souvent que c’est Dieu qui fait tout et qu’il dirige tout selon son bon plaisir !

Si c’est bien Dieu qui donne le déclic du départ, ce n’est pas lui fait tout, mais il fait faire !

Nous allons découvrir un Dieu qui crée des créateurs, qui crée des acteurs libres, libres de choisir leurs postures et responsables de leurs actes.


Dieu crée des créateurs

« Que la terre produise l’herbe »

« Que la terre produise des êtres vivants » C’est la terre qui produit !

« Que les eaux foisonnent d’être vivants à profusion » Ce sont les eaux qui donnent vie

« Soyez féconds, multipliez-vous » Ce sont les poissons qui sont féconds


Et finalement l’homme et la femme :

« Soyez féconds, multipliez-vous, remplissez la terre et soumettez-là »

Homme et femme créés à l’image de Dieu,

comme des co-créateurs responsables d’une création inachevée à continuer.


Dieu crée des êtres interdépendants

L’herbe et les plantes sont donnés comme nourriture aux animaux comme aux humains.

Expression symbolique qui rappelle que la loi de la création, c’est de se nourrir mutuellement, dans le partage et l’interdépendance.


L’homme est responsable d’organiser cela : « remplissez la terre et soumettez-là ». Même si c’est écrit dans un langage de domination selon la culture de l’époque (nous parlerions plutôt aujourd’hui de protéger et de développer durablement), l’homme n’est pas propriétaire, mais au service de l’harmonie et de l’interdépendance.


L’homme libre de construire ou de détruire

Dieu ne crée pas des marionnettes qu’il manipulerait à sa guise. Dès le Jardin d’Eden où pourtant « Dieu vit que cela était bon », l’homme trahit son image de Dieu qui donne la vie à foisons, l’homme choisit de s’approprier le monde à son seul profit.


En effet, le serpent présente Dieu comme celui qui interdit tout (déjà à l’époque !) : « Alors, Dieu vous a vraiment dit : “Vous ne mangerez d’aucun arbre du jardin” ? » (Gn 3, 1), et l’homme se laisse tenter immédiatement : il veut agir comme un faux Dieu propriétaire qui satisferait son seul plaisir : « vos yeux s’ouvriront, et vous serez comme des dieux, connaissant le bien et le mal.


Le péché originel c’est de vouloir être mon propre dieu, c’est de vouloir décider tout seul et à mon seul profit, de ce qui est bien et de ce qui est mal. Et si l’autre représente un danger pour moi, je le considère comme le mal et je me donne le droit de le détruire. Le péché originel n’est rien d’autres que nos soifs de pouvoir, nos soifs d’avoir raison et de trucider ceux qui sont différents…


Et la Genèse continue : « La femme s’aperçut que le fruit de l’arbre devait être savoureux,

qu’il était agréable à regarder et qu’il était désirable, cet arbre… » (Gn 3, 5-6). Le péché originel c’est quand mes envies et mes désirs prennent le pouvoir, quand la satisfaction de mon plaisir ignore les besoins des autres et me pousse à m’approprier pour moi ce qui était pour tous.


Le péché originel, c’est quand nos affects prennent le pouvoir et deviennent destructeurs de ce qui nous entoure. Dans un langage du 21ème siècle, nous pouvons dire que le péché originel, c’est quand nos caprices nous poussent à la surconsommation au risque d’épuiser la planète.


Cette liberté de l’homme met fin au paradis terrestre où il s’agit de donner et de développer la vie et non de la prendre pour se l’approprier. Cette sortie n’est pas une punition de Dieu, mais la conséquence de nos volontés de nous approprier ce qui est pour tous et de prendre le pouvoir pour nos seuls intérêts.


Sortir du paradis terrestre dévoyé est douloureux parce que ça fait prendre conscience que le monde n’est pas celui des bisounours. Mais aussi parce que les prises de pouvoirs illégitimes et les volontés de tout s’approprier finissent toujours par créer les rivalités, les conflits et les guerres.


Sortir du paradis des bisounours et du « chacun pour soi » est douloureux car il s’agit toujours d’un travail de reconstruction, de conversion et de restauration : c’est un travail exigent d’accepter de se remettre ensemble au service d’un monde à partager.


Nous continuerons la semaine prochaine à relire ces textes de la Genèse en nous demandant : mais qui donc est ce Dieu Créateur ? s’il est celui qui punit, comment pourrait-il être en même temps Sauveur ?


La création est-elle un Paradis
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Marc THOMAS



Le Paradis terrestre – Petez Wenzel, peintre autrichien ( 1745-1829)

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