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2. Accueillir l'autre tel qu'il est

Photo du rédacteur: Marc THOMASMarc THOMAS


Voici donc le 2ème volet d’une série de trois intitulées Accueillir en 2025. A nous qui souvent nous recroquevillons sur nous-même et nos sécurités devant un monde difficile, je nous souhaite de savoir au contraire ACUEILLIR EN 2025. Dans le 1er volet nous cherchions comment nous accueillir nous-mêmes. Voici aujourd'hui :

 

ACCUEILLIR L’AUTRE tel qu’il est


C’est parfois si difficile la rencontre de l’autre ou des autres :

  • Les autres m’attirent, et je m’en approche ou je me laisse influencer…

  • Les autres me terrorisent, je m’y soumets ou je deviens violent…

  • Les autres me mettent mal à l’aise, et je m’en méfie ou je les fuis…

  • Je voudrais tant changer l’autre, et je m’y épuise…

  • Je veux avoir raison et le convaincre qu’il a tort…

  • C’est moi d’abord et tant pis pour les autres, ou bien je m’efface et me laisse faire…

  • L’autorité de l’autre m’est insupportable, et parfois je veux m’imposer…

 

C’est difficile d’être soi-même au milieu des autres !

Et pourtant aucun être humain ne peut vivre bien en restant totalement seul.

Comme les loups, les humains vivent en meute : il se protègent ou se dévorent.

 

RESTER SOI

 

Une seule solution : accueillir l’autre tel qu’il est, en restant moi-même, sans me laisser envahir. C’est si facile à dire, mais est-ce possible à faire ?

Oui, à une condition, qui est à l’inverse de l’empathie :

arrêter de me centrer sur l’autre, me centrer sur ce que ça me fait quand je suis en sa présence.

Regardez comment ça se passe dans une situation de tension, de désaccord, d’altercation :

aussitôt, je parle de l’autre, je le juge, je le dénonce…

Je suis littéralement « hors de moi » car je suis happé et obnubilé par l’autre !

Je ne parle que de lui ou d’elle, dans un tu qui l’accuse, qui l’insulte et le rejette…

Un tu qui tue la relation.

 

Dans ces circonstances, la seule solution est de me centrer sur moi et sur mes ressentis.

Il s’agit de formuler ce que ça me fait, ce que je refuse, ce que je ne supporte pas

et ainsi de me mettre à distance de l’autre en me centrant sur ce dont j’ai besoin

pour me protéger, revenir en moi, me réintégrer, me mettre en sécurité.

Cette année, en situation de tension, je prends du recul

je cesse de me laisser tirer "hors de moi" en invectivant l'autre

et je prends soin de ce que je ressens, de ce dont j'ai besoin

pour me protéger et pour rester moi-même.

 

Bien sûr, cela ne condamne pas l’empathie.

Mais dans un premier temps je réserve l’empathie à celui ou celle qui n’est pas une menace,

l’empathie d’un dialogue ou d’un débat respectueux,

qui peut nommer les désaccords sans agresser la personne.

Un jour viendra où, à force d’entraînement, je pourrai avoir de l’empathie pour la personne

tout en dénonçant ses actes de violence et en m’en protégeant.



ACCUEILLIR L’AUTRE

 


→ Il y a cet autre qui fait résonner en moi incompréhension, divergence, désaccord.

 

L’autre qui peut être agressif ou dominant… et moi aussi !

Ces attitudes relationnelles de passage en force nous guettent tous !

Chacun veut avoir raison et convaincre l’autre, dans la tension, le jugement, l’agression…

Une seule issue : lâcher ma volonté de convaincre, cesser de chercher qui a tort et qui a raison.

Accueillir l’autre tel qu’il est, avec son avis différent du mien, sans le rejeter.

Chercher d’où vient cette différence et quel peut être son intérêt, sans devoir l’approuver.

Chercher la complémentarité des points de vue différents plutôt que les opposer.

Car dans l’humanité, chacun est une pièce du puzzle, aux formes et couleurs différentes.

Un vitrail n’est beau que grâce à la diversité des formes et des couleurs,

quand chacune ne se prend pas pour la lumière,

mais se laisse traverser par une lumière venue d’ailleurs.

Un corps ne peut marcher que dans la différence de ses membres et leur articulation.

Cette année, je renonce à prouver à l’autre qu’il a tort et que j’ai raison,

Je quitte le combat pour faire triompher mon point de vue

Je cherche le débat où chacun des points de vue peut s’exprimer

et où nous allons chercher ensemble des compromis sans compromission.

 

→ Il y a cet autre qui fait résonner en moi domination et soumission

 

Ce pervers narcissique qui m’envahit de ses besoins et me dévalorise en permanence,

cette personne autoritaire qui exige et impose sans écoute ni respect,

cette personne violente qui m’écrase en paroles ou en gestes, me condamnant au silence,

ce moqueur blessant qui me dévalorise, ce manipulateur qui me transforme en objet…

Chacun de nous peut être celui-là à un moment ou à un autre !

Une seule issue : se protéger et appeler au secours

Accueillir l’autre tel qu’il est, c’est alors nommer sa violence et dire non à cette violence,

Renoncer à m’enfermer dans mon trou pensant que mon silence pourra le changer.

Renoncer à croire qu’accepter et me soumettre est une manière de l’aimer.

Renoncer à penser que je pourrai tenir debout seul devant quelqu’un d’autoritaire.

Me protéger de toute urgence en fuyant pour me réfugier à l’abri du cyclone.

Cette année, je quitte la position de soumis·e qui nourrit la violence du dominateur.

J’appelle au secours, je cherche la solidarité pour faire face en se serrant les coudes.

 

→ Il y a cet autre qui fait résonner en moi respect, amour, confiance, soutien…


L’ami de toujours, le ou la collègue, l’amoureux ou l’amoureuse, les parents…

Et aussi cet inconnu dont une parole me touche… dont une posture m’attire…

Cette qualité de présence inattendue d’un voisin, d’une vendeuse, d’un passant…

Cette solidarité locale ou internationale quand survient la catastrophe…

La sympathie, l’empathie, l’entraide, la complémentarité, la complicité semblent simples…

Avec ces personnes, je peux être moi-même sans risque, la vie est belle,

Cette année, je cherche la compagnie de ces personnes, je m’en nourris, paisible et serein.

et je puise l’énergie d’espérer encore et d’agir positivement, même dans un monde difficile.

 


LA RENCONTRE

 

Ces belles rencontres,

celles qui nous font vibrer, celles qui nous font vivre,

celles qui nous transforment en nous conduisant au meilleur de nous-mêmes…

 

La rencontre d’un·e collègue de travail,

celui ou celle avec qui il n’y a pas compétition

mais collaboration, confiance, efficacité, plaisir…


La rencontre d’âme à âme avec l’ami·e de cœur,

celui ou celle à qui je peux tout dire

à cœur ouvert, sans risque, sans peur…

Je peux compter sur elle/lui à tout moment…

 

La rencontre de l’amour quand je ne l’attendais plus

celui ou celle qui m’attire et que je respecte,

dans la délicatesse, la tendresse, la fougue, le projet

 

Ces rencontres et bien d’autres changent tout…

Le plus souvent imprévues et inattendues…

Cadeaux réciproques gracieux et gratuits de la vie,

où chacun·e peut rester soi en présence de l’autre…

Toujours fragiles, jamais acquises, parfois blessées…


Ces rencontres nous transforment 

elle font surgir le meilleur de nous-mêmes,

notre sensibilité et nos ces émotions,

seuls vrais moteurs de changement


Ces rencontres où nous devenons nous-même

parce que l’autre est venu

Béatitude ! Gratitude !


 

L’histoire vraie d’un dialogue renoué en famille

 

C’est l’histoire de deux frère et sœur.

Elle, l’aînée, a 78 ans. Son frère cadet a 77 ans.

Dès leur enfance et depuis toujours, ils n’ont jamais été sur la même longueur d’onde.

Ils n’ont jamais partagé les mêmes activités, ni les mêmes relations, ni les mêmes intérêts.

Elle manifeste souvent son incompréhension devant les choix et les postures de son frère.

Lui se sent souvent agressé et blessé devant les remarques de sa sœur.

Depuis des années, chacun des deux souffre de cette impossibilité à communiquer.

 

Le frère a passé l’an dernier des vacances avec des amis dans les Pyrénées,

et il a été touché par la belle complicité des deux enfants ado de ses amis.

Ça lui a renvoyé le manque douloureux de complicité entre sa sœur et lui depuis toujours.

 

De passage chez sa sœur et son beau-frère récemment, le frère ose enfin se lancer.

Pendant le déjeuner, il évoque devant sa sœur la complicité de ces ados,

et il dit à sa sœur : Et nous, étions-nous complices dans notre enfance ? 

 

Aussitôt sa sœur réagit : On n’a jamais été complices ! 

Moi, dit-elle, j’étais la rebelle de la famille et je m’enfermais dans ma chambre,

toi, tu étais le gentil garçon qui rentrait dans le moule familial. 

 

Et voici ces deux frère et sœur en train d’échanger pour la première fois sur leur enfance.

Le frère interroge sa sœur sur une hypothèse qui le taraude depuis longtemps :

il pensait que sa sœur s’était sentie mise à l’écart suite à cette naissance rapprochée

et aux préférences marquées de notre grand-mère paternelle pour le petit frère.

Non, dit sa sœur, d’ailleurs nos grands-parents paternels me préféraient moi…

 

Puis le frère raconte certains événements de sa trajectoire de vie parfois difficile.

Et plusieurs fois il dit à sa sœur : Mais je t’ai déjà raconté ça ! Elle répond : Non jamais.

Et le frère se rend compte qu’il n’a jamais rien partagé des événements importants de sa vie

et découvre qu’il n’est pas étonnant que sa sœur ne comprenne rien à ce qu’il vit.

L’échange se poursuit sur leur adolescence et leurs choix d’adultes bien différents.

 

C’était un premier pas.

Le frère prit alors sa sœur dans ses bras : elle sembla surprise. Parfois, il faut le temps…

Le frère proposa de fêter cela ensemble le soir à la crêperie.

Le climat était léger et apaisé. Et chacun repartit dans sa région, vers sa vie.

 

Dites-moi, est-ce que je me trompe quand je dis qu’il n’est jamais trop tard ?

Jamais trop tard pour se retrouver et s’apprivoiser à 77 et 78 ans…



Marc THOMAS – 18 janvier 2025

 

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