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Apprivoiser nos obscurités

Photo du rédacteur: Marc THOMASMarc THOMAS

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Nous traversons tous des périodes difficiles…

Envahis de tristesse ou de ras-le-bol, de lassitude ou de déprime…

Refermés sur nous-mêmes en ruminant notre aigreur ou notre amertume…

Ne supportant plus ni les soutiens ni les encouragements de nos proches…

Sans envie, sans énergie, nous nous traînons à ne rien faire…

Et si la vie nous oblige, nous nous forçons dans la douleur…

Nous nous culpabilisons d’être ainsi inertes et inutiles…

Nous nous en voulons à nous-mêmes jusqu’à la maltraitance…

Ou l’insupportable nous rend agressif et violent à la moindre contrariété…

 

Pourquoi ?

Parfois nous identifions les causes de ce mal-être…

D’autres fois, nous ne savons même pas pourquoi…

Parfois ça vient de contraintes extérieures ou de relations toxiques…

D’autres fois l’épuisement et l’accumulation jusqu’à la rupture…

Parfois des espoirs déçus, des attentes toujours insatisfaites…

D’autres fois des pressions faites sur nous, par d’autres ou par nous-mêmes…

Parfois même, des réussites inattendues qui nous donnent le vertige…

D’autres fois le sentiment d’être perdus et de ne plus trouver de sens…

 

D’abord me donner le droit…

Le droit de n’être pas au meilleur de ma forme…

Le droit à des périodes de basses eaux ou de léthargie…

En effet, il faut des étés et des hivers pour que la nature se développe…

Invariablement, le flux de la mer de marées hautes en marées basses…

Les sources et les cascades irriguent, débordent ou s’assèchent…

Le temps où la terre semble inerte est le temps où la graine s’enracine…

La vie de l’homme nécessite des périodes d’activité et des périodes de sommeil…

Et tous les amours et toutes les amitiés ont des périodes arides…

 

Y voir le signe de grands travaux…

Si nous nous donnons le droit d’être en mal-être,

nous découvrirons qu’un travail intérieur est en cours.

Il sollicite toute notre énergie,

pour vider, évacuer, trier, purifier, réorganiser, enraciner, restaurer, reconstruire…

Ce travail en nous commence souvent dans une sensation de bouleversement

comme une terre retournée et labourée pour assouplir ses duretés.


Se protéger…

Non pas se méfier, mais se protéger…

Se protéger parfois de celles et ceux qui ont la bonne intention de m’aider :

quand ils me stimulent en me rappelant mes capacités pour m’encourager,

ça ne fait que mettre le doigt douloureusement

sur mon incapacité du moment à aller aux sources de mon énergie…

D’autres fois, ils veulent me booster et m’entrainer à leur rythme

dans la bonne intention de me redynamiser,

alors que j’ai le sentiment qu’ils veulent faire courir un cul de jatte !

Me protéger sans me méfier : les remercier de vouloir prendre soin de moi

tout en me mettant provisoirement en retrait

pour reprendre mon souffle par moi-même…

 

Sortir de mon terrier…

Ce trou où je m’enferme, cette obscurité où je me cache,

tellement nécessaire pour me protéger quand tout s’effondre autour de moi,

mais si étouffant à la longue quand j’attends l’impossible lumière au fond de mon trou.

Sortir de mon terrier

pour trouver un regard accueillant, une oreille ouverte, un cœur sans jugement.

Car à rester seul, je risque de ressasser et de me morfondre…

Mes regards, mes larmes et mes sourires ne me délivrent leur message

que lorsqu’ils sont accueillis sincèrement et sans jugement par un autre…

Et c’est seulement lorsqu’un autre m’écoute avec l’empathie du cœur

que mes mots libérateurs peuvent surgir et être balbutiés,

car ils sont entendus et confirmés par l’autre ou interrogés pour aller plus profond.

Sortir de mon terrier

« pour voir au fond de tes yeux le reflet de ma propre beauté. » (Paulo Coelho)

 

Quand des mains se tendent, choisir celle que je vais saisir…

Certainement pas ces mains qui voudraient me bousculer sans respecter mon mal-être…

Certainement pas non plus celles qui viendraient me plaindre et me prendre en pitié…

Choisir ces mains ouvertes sans saisir…

Ces mains qui attendent que je les saisisse…

Ces mains qui m’offrent leur présence plutôt que leur aide…

Ces mains qui cherchent et accueillent ma souffrance,

Ces mains qui désinfectent ma blessure et s’en approchent avec délicatesse…

Ces mains qui m’orientent vers ce que je n’ai pas vu ou me proposent d’autres repères…

Ces mains qui me tiennent par la main en me laissant choisir le rythme et la destination…

Ces mains qui me lâchent quand je peux marcher seul… 


L'un des plus beaux gestes humains
Michel Ange – Chapelle Sixtine – Quand Dieu crée de l’humain…

Toi qui m’écoutes ou me lis, j’ai envie de te dire aujourd’hui que ce que je viens de te partager n’est pas de la théorie. C’est l’expérience de tant d’hommes et de femmes que j’écoute souvent au cœur de leurs difficultés ou de leurs détresses, et qui trouvent dans ces processus que je viens de décrire, des issues de secours, des perspectives nouvelles qui redonnent du sens, et des énergies qui surgissent pour reconstruire.

 

Je souhaite aussi te dire que je suis passé moi aussi dans des périodes d’obscurité ou de déprime, plusieurs fois dans ma vie, et encore ces dernières semaines… Ce que je te partage aujourd’hui est aussi le fruit de ma propre expérience. C’est aussi parce que j’expérimente moi-même ce mal-être, les obstacles et les issues possibles que j’ai la capacité d’accompagner les autres, non pas parce que je sais tout et que je maîtrise, mais parce que je marche moi aussi humblement et parfois boitillant sur mon propre chemin, accompagné par des mains ouvertes et des cœurs aimants.

 

Ces dernières semaines, difficiles pour moi, j’ai relu ce poème que j’avais écrit il y a plusieurs années. Il m’a fait du bien dans mon obscurité, avec la main offerte qui m’accompagne. Et j’ai envie de te le partager quand pour toi la lumière vacille…



Dessin de LODICI – La Possession – 2022

Lodici y voit un soleil qui s’éteint, j’y vois un soleil qui se lève !



Marc THOMAS

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