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Babel ou Pentecôte ?




Quand arriva la Pentecôte, (…) ils virent apparaître comme une sorte de FEU qui se partageait en langues et qui se posa sur chacun d'eux. Alors, ils furent tous remplis de l'Esprit Saint : ils se mirent à parler en d'autres LANGUES, et chacun s'exprimait selon le don de l'Esprit. » (Ac 2)

Question : « Pourquoi des langues de feu sur les Apôtres ? »

Réponse : « Pour brûler définitivement la langue de bois dans l’Eglise ! »


A la Pentecôte, les Apôtres parlent en d’autres langues, selon le don de l’Esprit.

Attention, il ne s’agit ici de parler en langues incompréhensibles !


Il y avait, résidant à Jérusalem, des Juifs religieux, venant de toutes les nations sous le ciel. Lorsque ceux-ci entendirent la voix qui retentissait, ils se rassemblèrent en foule. Ils étaient en pleine confusion parce que chacun d’eux entendait dans son propre dialecte ceux qui parlaient.


Dans la stupéfaction et l’émerveillement, ils disaient : « Ces gens qui parlent ne sont-ils pas tous Galiléens ? Comment se fait-il que chacun de nous les entende dans son propre dialecte, sa langue maternelle ?


Parthes, Mèdes et Élamites, habitants de la Mésopotamie, de la Judée et de la Cappadoce, de la province du Pont et de celle d’Asie, de la Phrygie et de la Pamphylie, de l’Égypte et des contrées de Libye proches de Cyrène, Romains de passage, Juifs de naissance et convertis, Crétois et Arabes, tous nous les entendons parler dans nos langues des merveilles de Dieu. » (Ac 2, 8-11)


La Pentecôte, c’est bien chacun, quel qu’il soit,

qui entend dans sa langue les merveilles de Dieu.


Pas seulement dans sa langue maternelle,

mais dans sa culture,

dans ses réactions personnelles, dans ses ressentis,

dans sa manière de s’exprimer,

dans sa vie, ses joies, ses épreuves,

ses blessures, ses espoirs…


Depuis la Pentecôte, la Bonne Nouvelle n’est plus un langage religieux,

ce n’est plus d’abord un langage mystique, ni théologique, ni ecclésiastique…

ce n’est surtout pas du latin si nous parlons créole, français ou chinois…

Depuis la Pentecôte, la mission de l’Eglise est de faire entendre la Bonne Nouvelle

à tout homme, dans sa langue, dans sa vie, dans ses joies et ses pleurs…

Bref le contraire de la tour de Babel

où chacun se divisait pour être le plus fort

et où personne ne comprenait plus rien à la langue de l’autre…

Que souhaitons-nous vivre aujourd’hui ? Babel ou Pentecôte ?


Dans notre monde violent et brutal comme Babel

où chacun veut imposer sa vérité à l’autre par tous les moyens,

quelle Bonne Nouvelle de pouvoir entendre le salut dans ma langue et dans ma vie !

A L'EGLISE DE SE CONVERTIR EN PERMANENCE de Babel à Pentecôte :

non pas d’abord attendre que les gens viennent dans les églises,

mais aller rejoindre les gens là où ils vivent

non pas d’abord demander à chacun d’adhérer à ce que dit l’Eglise,

mais accueillir l’autre tel qu’il est et parler la langue de chacun

non pas vouloir imposer la même chose à tous,

mais oser écouter chacun et s’adapter à sa situation

non pas dire oui ou non par peur du ladi lafé et de ce que les autres vont dire…

mais oser accompagner chacun sur son chemin et inventer ce dont il a besoin…

non pas tout attendre de Dieu par la prière ou en mettant un cierge,

mais reconnaître un Dieu qui agit par les hommes et les femmes,

dans une parole libératrice ou un regard d’amour offerts par un proche,

dans le soutien d’une personne ou d’une association…


A CHACUN ET CHACUNE D'ENTRE NOUS DE SE CONVERTIR aussi de Babel à Pentecôte :

de chercher à parler la langue de l’autre,

arrêter de vouloir convaincre

et commencer par écouter… pour pouvoir ensuite partager

quitter la méfiance et le rejet pour ceux qui nous sont étrangers,

pour découvrir et accueillir les différences de l’autre comme des ressources…

dire stop quand nous nous laissons aveugler par les défauts ou les erreurs

et chercher d’abord ce qui est positif chez l’autre et ce qu’il peut changer…

arrêter de vouloir avoir raison et de prouver à l’autre qu’il a tort…

et chercher la complémentarité de nos points de vue

pour trouver ensemble des solutions nouvelles


Enfin CONTRIBUER A FAIRE PASSER NOTRE SOCIÉTÉ DE BABEL A PENTECÔTE,

par exemple :


Un jeu en centre de vacances : le groupe est divisé en quatre équipes,

une équipe essaye de transmettre un message à celle qui lui fait face ;

entre les deux, les autres équipes crient le plus fort possible.

Ca ressemble tellement à la cacophonie de notre monde,

de nos réseaux sociaux, de nos colères, de nos reproches et de nos jugements…

Comment se comprendre dans la cacophonie ? Babel !


Taizé, Lourdes : des personnes de toutes nationalités

chantent les mêmes refrains, chacun dans sa langue.

Au couplet, c'est chaque langue à son tour :

les uns chantent, les autres écoutent.

Respect des différences et communication. Pentecôte !


A la télévision, quatre leaders politiques de tendances différentes,

interviewés par un journaliste.

Deux d'entre eux n'avaient accepté l'interview

qu'à condition de ne pas avoir à se parler entre eux !

Et chacun des quatre affirmait sa vérité comme l'unique,

dénonçant l'incompréhension des autres et leurs erreurs.

Pourtant tous parlaient français ! Babel !


Une fleur offerte comme un langage d'amour universel ;

un arbre respecté et admiré dans le souci de la terre à protéger,

le ramassage de nos ordures pour éviter la pollution,

des économies d’énergie pour préserver la planète :

écologie qui traverse tous les pays, tous les partis. Pentecôte !


Deux personnes se rencontrent :

- Tu sais j'ai mal à la tête et...

- Oh, tu n'as sûrement pas aussi mal que moi car tu sais...

- Je te disais que j'avais mal depuis...

- C'est comme moi quand je vais trop longtemps au soleil...

- Quand donc m'écouteras-tu ?

Dialogue ou monologues ? Babel !


Dans un groupe d'échange sur l'Evangile,

les plus bavards monopolisent la parole,

les plus discrets auraient besoin de plus de silence peut-être

pour pouvoir prendre la parole.

Pentecôte pour tout le monde ?


Essi, finlandaise de 20 ans, me montre une lettre qu'elle écrit :

impossible d'en saisir un mot car même l'écriture est différente.

Nos regards se croisent et nous rions ensemble,

malgré l'incompréhension des mots.

En même temps, elle me montre une icône au mur :

nos regards se tournent dans une même contemplation ;

peut-être n'y voyons-nous pas la même chose,

mais nous communions dans ce regard.

Essi peint des icônes. En finnois, en français, la peinture est la même.

Peinture, musique, arts sont des langages universels. Pentecôte !


Nos corps ont un « langage » :

des regards, des gestes, des attitudes qui « parlent » si souvent d'eux-mêmes !

ils disent la joie, la douleur, l'angoisse, et tant d'autres sentiments.

Le corps exprime ce que les mots ne peuvent pas dire, car ils sont trop courts.

Sous toutes les latitudes, les hommes comprennent le « langage » de l'amour et du désir,

même si les formes peuvent être différentes.

Quand l’homme est vraiment humain, son corps parle toutes les langues ;

ou plutôt, quand son corps parle sa propre langue,

tout homme l'entend dans sa langue maternelle !

Langage universel ! Pentecôte !


A la Pentecôte, il ne s'agit pas de « parler en langues ».

Il s'agit peut-être de parler en d'autres langues (Ac 2, 4),

il s'agit surtout que chacun, entendant parler des Galiléens,

comprenne dans sa langue les merveilles de Dieu (Ac 2,11).


Humains que nous sommes, oserons-nous nous être nous-mêmes

tout en accueillant l’autre tel qu’il est ?


Chrétiens d’aujourd’hui, parlant la langue de notre foi et de nos convictions,

nous demandons-nous suffisamment si les mots de notre foi

sont compris et entendables des habitants du monde assoiffés de sens ?


Langues de bois ? ou langues de feu ?

Babel ou Pentecôte ?


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Marc THOMAS


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