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Avent 3 - Humains et solidaires

Photo du rédacteur: Marc THOMASMarc THOMAS

Dernière mise à jour : 22 déc. 2024

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Je continue à explorer avec vous l’inouï de ce Dieu qui choisit de s’incarner dans la réalité du monde d’aujourd’hui tel qu’il est.


L’Evangile du 3ème dimanche de l’Avent nous présente toutes celles et tous ceux qui viennent rejoindre Jean dans le désert pour un baptême de conversion.

Quelle contradiction : venir au désert pour se plonger dans l’eau !

Quelle bonne nouvelle cette contradiction : dans nos déserts il baptise !

Plongés dans l’eau là où nous sommes desséchés, pour redevenir fertiles.

Ou si vous préférez, voir jaillir les sources au milieu de nos terres desséchées !

 

IRRIGUER NOS DÉSERTS

 

Laissons Jean crier dans les déserts qui sont les nôtres.

Nous sommes seuls à pouvoir nommer ce désert :


-        Le désert relationnel d’un pardon impossible à donner ou à recevoir

-        Le désert de nos jalousies et de nos méfiances qui nous éloignent des autres…

-        Le désert où nous nous recroquevillons parfois croyant moins souffrir…

-        Le désert quand nos « moi d’abord » finissent par faire le désert autour de nous…

-        Les déserts de la tristesse, de l’incompréhension, de la déprime, de la solitude…

-        Les déserts que traversent celles et ceux qui se sentent abandonnés, exclus, rejetés…

-        Les déserts des villes et des villages rasés par les bombes des pays en guerre…

-        Le désert du virtuel et de certains jeux en ligne qui nous coupent des relations réelles…

-        Ces déserts qui habitent chacun de nous et que nous sommes seuls à connaître…

-        Ces désert intérieurs qui ont tous en commun d’être desséchés et sans vie…

 

Ce sont ces déserts que Jean vient plonger dans l’eau, pour les irriguer, les vivifier,

Plongés au plus profond, pour transformer les déserts en terres fertiles…

Nous sommes des êtres désertiques, et nous voici plongés dans l’eau qui fait revivre…

Voilà la vraie conversion, le vrai retournement qui nous est proposé en ce temps de l’Avent.

 

QUE DEVONS-NOUS FAIRE ?


Suffit-il d’un geste rituel pour nous régénérer ? 

Suffit-il d’un baptême pour vivre heureux ? Bien sûr que non !


Nous voici donc comme les contemporains de Jean le Baptiste, qui venaient se faire plonger dans l’eau au milieu de leurs déserts, non pour être régénérés et sauvés d’un coup de baguette magique, non pour demander à Dieu de venir à leur secours…


Rien de tout cela ! Ils venaient se faire baptiser avec cette seule question :

« Que devons-nous faire ? »

 

Et je cite ici le commentaire Yvon-Michel Allard, Directeur d’un Centre biblique au Canada. Il parle de ces foules qui demandent à Jean le Baptiste ce qu’ils doivent faire :

 

 Il ne s’agit pas de savoir ce que les autres doivent faire pour que le Royaume de Dieu arrive, ce que le gouvernement doit faire, ce que l’Église doit faire ?... Non. Qu’est-ce que « nous » devons faire ?

 

Il ne s'agit pas non plus de savoir ce que nous devons penser ou ce que nous devons croire. « Que devons-nous faire ? ». Tout le message de Jésus ira dans le même sens. La question ultime, maintenant comme au jour du jugement, sera toujours :

« comment as-tu agi ? », « comment as-tu traité ton prochain ? ».

 

Et Jean Baptiste répond qu’ils doivent s’entraider, partager leur surplus avec ceux qui sont dans le besoin, être honnêtes et justes, qu’ils ne doivent pas utiliser leur position de force pour abuser des autres… Rien de bien extraordinaire dans tout cela, mais une façon honnête et juste de vivre sa vie. Ils sont invités à produire des fruits de conversion.

 

Aux percepteurs d’impôts et aux policiers de l’armée d’occupation, Jean-Baptiste ne demande pas de changer de métier, mais seulement de se comporter de manière nouvelle : respecter la justice, ne pas abuser de la force qu’on a entre les mains, s’en tenir au droit, aux lois, au civisme.

 

 

A ce texte nous venant du Canada, j’ai envie d’ajouter ceci :

 

Jean le Baptiste ne demande pas à ceux qui veulent se convertir d’aller dans les synagogues… Il ne leur demande pas d’aller suivre des enseignements des prêtres ou des scribes et des pharisiens… Il ne leur demande pas de prier ou de chanter des louanges… Il ne leur demande pas de rester là en adoration silencieuse… Bien sûr tout cela n’est pas interdit, bien au contraire. Mais ce ne sont pas ces pratiques religieuses et rituelles qui sont des chemins de conversion. La vraie conversion est toujours réponse à cette question : « Que devons-nous faire ? »

 

Dans l’esprit de Jean-le-Baptiste, et pour répondre à la question « Que devons-nous faire ? », je vous propose quelques exemples dont j’ai été témoin à la Réunion ces dernières semaines :

  • Une association organise des groupes de paroles pour des hommes auteurs de violence.

  • Des syndicats, des Comités Sociaux d’Entreprise, des responsables de Ressources humaines veillent à la qualité de vie au travail et s’investissent pour plus de justice.

  • Le Téléthon mobilise de nombreux bénévoles et organise la solidarité financière pour la recherche médicale.

  • L’association EPA (Ecoute moi, Protège moi, Aide moi) propose le Gayaromètre pour protéger les enfants de la violence, et les aider à évaluer leur bien-être, la qualité de leur relations, et pour plus de respect et de bienveillance au quotidien.

  • L’association Kéré qui mobilise des moyens humains et financiers à la Réunion pour lutter contre la famine à Madagascar et garantir l’accès à l’eau potable.

  • L’association Cilagro qui développe une culture agroécologique à Cilaos privilégie la qualité des produits et le respect de l’environnement plutôt qu’une rentabilité à tout prix.

  • Le Comité Chagos à la Réunion qui soutient le peuple chagossien pour qu’il retrouve enfin le droit de revenir sur ses terres.

  • Les bénévoles du Secours Catholique qui cherchent à restaurer dans leur dignité des personnes en précarité.

  • Des enseignants et des centres sociaux qui écoutent, accompagnent et protègent des élèves en difficulté ou harcelés.

  • Des cadres de proximité dans des entreprises, très appréciés de leurs équipes parce qu’elles se sentent soutenues et écoutées dans leurs difficultés

  • Mes voisins qui viennent prendre de mes nouvelles quand ils ne m’ont pas vu depuis longtemps… Et tous les petits gestes solidaires qui ne font pas de bruit entre voisins…

  • Et vous pouvez continuer la liste avec vos exemples…

 

EN AVENT… EN AVANT !

 

Certains me diront : qu’est-ce que tout cela a à voir avec l’Avent et la venue de Jésus ?

Il ne s’agit pas seulement de gestes de générosité ! Car Jésus dit : « chaque fois que vous l’avez fait à l’un de ces plus petits de mes frères, c’est à moi que vous l’avez fait ». C’est sur ce que nous aurons fait ou pas fait au cœur du monde que notre vie sera évaluée. La question ultime, maintenant comme au jour du jugement, sera toujours : « Comment as-tu agi ? Comment as-tu traité ton prochain ? ».

 

La plupart des religions nous font croire que c’est en multipliant les gestes religieux et les actes rituels que nous gagnons notre salut.

 

Le spécifique de la foi chrétienne est tout autre parce qu’il s’agit d’une foi en l’incarnation de Dieu dans l’épaisseur de la vie des hommes : les chrétiens reconnaissent un Dieu qui vient, non dans des actes sacrés, mais dans tous ces actes de générosité, à la suite de l’homme Jésus venu donner sa vie par amour pour tous les hommes. Pour nous convertir à ce Dieu de l’Incarnation, « que devons-nous faire ? » : être simplement humains et solidaires au quotidien et dans la vie du monde. Cela n’empêche pas bien sûr d’aller prier et célébrer à l’église : mais ce ne sont pas nos prières qui nous sauvent, mais nos actes humains ! Si nous allons prier, c’est bien pour nourrir notre énergie et nos convictions d’acteurs du salut par notre manière de vivre au quotidien.

 

Pour plonger nos déserts dans l’eau de la conversion qui vivifie, je vous invite donc, chers amis auditeurs et lecteurs, à vous poser la même question :

  • « Que devons-nous faire ? » dans nos vies quotidiennes, dans nos relations, dans nos engagements dans la société pour les rendre plus humains et plus solidaires ?

  • Que dois-je faire, avec mes compétences et mes limites, avec mes qualités et mes défauts pour vivifier en moi ce qui s’est asséché ?

 

VANNER LE BLÉ OU LA LENTILLE

 

Pour terminer cette émission, je voudrais revenir sur l’image employée par Jean-le-Baptiste, parlant de Jésus qui vient : « Il tient à la main la pelle à vanner pour nettoyer son aire à battre le blé, et il amassera le grain dans son grenier ; quant à la paille, il la brûlera au feu qui ne s’éteint pas. » 

 

Vanner le blé consiste à séparer les grains de blé de cette pellicule de paille qui les enveloppe.

 

Si Jésus était né à la Réunion, il n’aurait pas parlé du blé qui ne pousse pas chez nous, mais des lentilles qu’il faut battre pour séparer la lentille de la paille.

 

D’un côté le grain de blé ou la lentille vivants et vivifiants qui vont devenir nourriture ou semence d’une nouvelle récolte. De l’autre la paille mêlée de poussière et de petits cailloux… Mais les deux poussent ensemble, comme le bon grain et l’ivraie de l’Evangile jusqu’au moment de la moisson où il faudra les trier…

 

De même en chacun de nous et dans la vie du monde : le blé ou la lentille et la paille, le bon grain et l’ivraie mêlés. Parfois nous nous survalorisons et nous masquons ce dont nous ne sommes pas fiers, ne voulant présenter que le bon grain… Parfois nous nous culpabilisons et nous oublions nos propres ressources…

 

Et pourtant même la paille protège le grain de blé, et les lentilles ne pousseraient pas sans leurs racines, leurs tiges et leurs feuilles qui vont ensuite sécher. Des agro agriculteurs ont même appris à valoriser la paille des lentilles pour en faire du paillage fertilisant.

 

Alors, plutôt que d’avoir peur d’un Dieu qui tient la pelle à vanner et qui va séparer les bons des méchants, voici le message de l’Evangile : notre Dieu nous prend tels que nous sommes, avec nos fruits vivifiants et nos défauts desséchants… Il ne se laisse pas arrêter par la gangue dans laquelle nous nous enfonçons, mais il met les mains dans le cambouis pour aller y chercher la pépite et le diamant que nous n’arrivons même plus à voir…

 

Il vient quand nous choisissons de plonger nos déserts dans l’eau vivifiante…

Il vient quand nous cherchons à extraire nos ressources du creux de nos débris…

Il vient quand nous nous mettons à faire, à développer nos énergies, à construire des solidarités.

Oui, Il vient, mais jamais sans nous !


 

Marc THOMAS – 14 déc. 2024

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