Blessures d'enfance
- Marc THOMAS
- 14 nov.
- 5 min de lecture
Que de blessures d’enfance nous empêchent de vivre paisiblement notre vie d’adulte. Est-il possible d’en sortir de façon libératrice ? C’est à cette question que je voudrais répondre en deux temps et de deux manières différentes : aujourd’hui, par un texte trouvé sur une page Facebook et où, je crois, beaucoup de femmes se reconnaitront ; et la semaine prochaine par la description de l’accompagnement d’une personne marquée de soumission aux besoins des autres depuis toute petite.
Il me semble que beaucoup d’entre nous peuvent se reconnaître dans ces deux étapes, probablement avec des histoires différentes, mais souvent avec des conséquences semblables et un même questionnement : comment s’en libérer ?
Tu portes une blessure ancienne, une blessure qui ne t’appartient pas entièrement, mais qui coule en toi comme une rivière souterraine, inscrite dans ton ventre, dans ton souffle, dans les ombres de ton histoire.
Elle est là depuis longtemps, bien avant toi, tissée dans les murmures des femmes qui t’ont précédée, transmise de mère en fille, de génération en génération, invisible et pourtant si lourde à porter.
Tu la ressens dans ce poids que tu traînes sans toujours savoir d’où il vient, dans ces larmes que tu ravales sans comprendre pourquoi elles montent, dans cette peur sourde d’être trop intense ou pas assez présente, trop fragile ou pas assez douce, trop vivante ou pas assez conforme à ce qu’on attend de toi.
Tu la ressens chaque fois que tu retiens tes élans, chaque fois que tu t’excuses de prendre de la place, chaque fois que tu doutes de ta propre voix, alors que, au fond, tu sais.
Tu as grandi avec cette injonction silencieuse à être une femme comme il faut, ni trop ceci, ni pas assez cela, une femme qui se tient droite mais pas trop rigide, qui se tait quand il le faut mais qui sait parler juste ce qu’il faut, qui est belle mais sans trop en jouer, qui est désirable mais jamais menaçante, qui sait être forte sans écraser, qui sait être douce sans être naïve, qui porte le monde sur ses épaules sans jamais montrer qu’il lui pèse.
Tu as appris à être tout et son contraire, à naviguer dans les attentes contradictoires, à plaire sans déranger, à sourire même quand tout brûlait en toi.
Tu as appris à te taire quand il aurait fallu crier, à accepter quand tout en toi disait non, à encaisser sans broncher, à porter des silences qui ne t’appartenaient pas.
On t’a appris que ton corps était un territoire à maîtriser, un danger à contenir, un objet dont il fallait prendre soin sans jamais trop l’exhiber, une promesse qu’il fallait tenir sans jamais la revendiquer.
On t’a dit que ton désir était secondaire, que ton plaisir était un détail, que ton consentement était une zone floue, que ton intuition était une faiblesse, que ton pouvoir était une menace.
Alors tu as appris à douter de toi. Tu as appris à questionner ta propre vérité, à la remodeler pour qu’elle soit plus acceptable, plus douce, moins tranchante, moins dérangeante.
Tu as appris à rentrer dans les cases, à t’adapter, à arrondir les angles, à te faire petite quand tu brûlais d’être immense.
Tu as cru que pour être aimée, il fallait être sage, pour être acceptée, il fallait être docile, pour être en paix, il fallait taire les tempêtes qui grondaient en toi.
Mais cette blessure, celle qui t’a façonnée sans que tu le saches, celle qui a modelé tes silences et tes hésitations, elle ne veut pas te détruire.
Elle ne veut qu’une chose : être vue, être entendue, être nommée, être libérée.
Elle veut que tu comprennes que tu n’es pas née pour être une ombre, pour marcher sur la pointe des pieds dans ta propre vie, pour vivre à moitié dans la peur de trop exister.
Alors aujourd’hui, il est temps. Il est temps de dire non à ce qui t’enferme, à ce qui te réduit, à ce qui t’alourdit.
Il est temps de dire oui à ce qui vibre, à ce qui brûle en toi, à ce qui demande à éclore. Il est temps d’oser ta propre vérité, de prendre ta place sans demander la permission, de parler sans t’excuser, d’aimer sans retenue, d’exister sans condition.
Il est temps de te réapproprier ton corps, ton cœur, ton histoire. Il est temps de te souvenir que ta voix a de la valeur, que ton feu n’a pas à être contenu, que ta force ne devrait jamais être une menace, mais une évidence. Il est temps de redevenir entière, sauvage, vivante.
Tu n’es pas seule.
Parce qu’en guérissant cette blessure en toi, tu guéris aussi toutes celles qui viendront après.
Parce que chaque femme qui ose se libérer, chaque femme qui choisit de ne plus se taire, chaque femme qui ose être pleinement elle-même rouvre une porte pour toutes les autres.
Et aujourd’hui, c’est à toi de franchir cette porte.
Cindy Pinchart - Essence Féminine, 4/03/2025
Vous êtes vous reconnus dans cette histoire ? Retrouvez les phrases qui parlent de vous, ou les mots qui vous suggèrent encore autre chose où vous vous reconnaissez.
Ce texte s’adresse à des femmes. Mais nous, Messieurs, nous pouvons aussi traduire ce texte dans notre expérience masculine, et relire des blessures d’enfance ou des violences subies qui nous ont marqué à vie et dont nous nous demandons comment nous en libérer. Combien de postures violentes ou d’échecs manifestent parfois de façon catastrophique des blessures nos désinfectées qui restent à vif !
Dans la prochaine émission, nous nous demanderons s’il est possible de sortir de ces blessures d’enfance, et si oui, comment. Mais je vous propose d’abord une pause musicale, dans le même esprit, en écoutant la chanson de Liane Foly intitulée « Les petites cicatrices ».
Les Petites Cicatrices
par Liane Foly
Écouter la chanson : https://www.youtube.com/watch?v=KDPu4HhoXUI
Fil de nylon ou de soie
Elles glissent sous nos doigts
On peut lire à travers elles
Qu'on n'sera jamais éternel
Elles s'accrochent et elles suivent
Nos chemins ou nos dérives
Que l'on pleure ou que l'on rit
Ce sont nos meilleures amies
Pour grandir et pour comprendre
A bout de sacrifice
Les petites cicatrices
Sont-elles des griffures de rose
Des fêlures de satin perlé
Blessures de nos printemps moroses
Ne rien faire ou les cacher
Quoi qu'on fasse ou quoi qu'on pense
Même si l'on change d'apparence
On garde en soi un doux secret
Pour être belle, il faut s'aimer
Pour grandir et pour comprendre
A bout de sacrifice
Les petites cicatrices
Elles donnent un air si distingué
Mais si fragile, si fatigué
D'avoir longtemps voyagé
D'avoir souvent pardonné
Pour grandir et pour comprendre
A bout de sacrifice
Les petites cicatrices
Les petites cicatrices
Pour savoir comment sortir de ces blessures, il faut faire un pas de plus par rapport au texte précédent.
Ce texte nous dit bien qu’il est temps de dire oui ou de dire non, d’oser être soi…
mais il ne nous dit pas comment faire.
Nous travaillerons ensemble sur ce « comment faire » la semaine prochaine, à partir de l’exemple de Solange, une personne que j’accompagne, et qui, à l’âge de la retraite, est en train de retrouver la liberté par rapport à ce qui l’a enfermée dans une attitude de soumission aux besoins des autres depuis son enfance.
Marc THOMAS









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