Dieu n'est pas un bouche-trou
- Marc THOMAS
- il y a 12 minutes
- 4 min de lecture
Dieu... mais quel Dieu ?
Cette émission est la suite de celle de la semaine dernière où nous disions que Dieu n’est pas un magicien ! Aujourd’hui, dans la même ligne, Dieu n’est pas un bouche-trou !
J’écris ces émissions à partir de textes de prière ou de commentaires transférés sur Facebook par des chrétiens et qui m’interrogent sur le Dieu auxquels ces textes font référence. Car il me semble que le Dieu de l’Evangile que je connais ne ressemble pas à celui qui est décrit par ces textes et ces prières.
Je redis mon respect pour ces personnes qui prient de cette manière, et combien j’admire souvent leur fidélité dans la durée. Mais je souhaite continuer aujourd’hui à ouvrir quelques pistes plus libératrices et à décrire un visage de Dieu plus conforme au Dieu de l’Incarnation tel que l’Evangile le présente.
DIEU N’EST PAS UN BOUCHE TROU

Alors ca démarre bien : « reconnaître ta faiblesse » et « me regarder moi, Dieu, ta force »
L’homme défini par sa seule faiblesse, et sa force ne vient que de Dieu… Est-ce vraiment cela « l’homme image de Dieu » ?
Et ça continue : « il s’agit de vivre dans une constante dépendance vis-à-vis de moi… de comprendre ce que j’ai prévu pour toi, cela vaut bien mieux qu’essayer de suivre tes propres plans » : l’homme n’est ici qu’un exécutant, il doit s’en remettre à Dieu et renoncer à toute initiative, à toute créativité…. Un homme soumis, téléguidé, manipulé comme une marionnette !
« L’anxiété t’enferme sur toi-même, dans tes propres pensées ». Ca, c’est vrai !
Mais : « Lorsque tu regardes vers moi et murmure mon nom, tu te libères de ce piège et peux recevoir mon aide. Fixe ton attention sur moi et tu trouveras la paix en ma présence.
Si vous avez déjà été dans l’inquiétude et dans l’angoisse, vous savez bien que prier ne suffit pas ! Dieu n’est ni anxiolytique ni un anesthésiant. L’angoisse se traite quand on peut parler et être écouté par un autre humain avec bienveillance et sans jugement. Dieu ne remplace jamais ce que les hommes peuvent faire par eux-mêmes.
Et puis regardez l’évangile : partout, Jésus valorise l’homme et la femme, partout il restaure chacun dans sa dignité, il demande « que veux-tu que je fasse pour toi ? », il laisse libre le jeune homme riche peut partir et c’est lui qui choisit, l’enfant prodigue s’en va, son père le laisse partir et se contente d’attendre, et c’est le fils qui décide lui-même de revenir, lorsque Lazare sort de son tombeau, Jésus demande à ses proches de le délier eux-mêmes, et c’est au larron qui décide de se retourner vers Jésus en Croix qu’est promis le Royaume.
Sur le Père du Prodigue, voir mon émission intitulé « Mais quel Père ! » :
Jamais Dieu n’intervient à notre place.
Jamais il ne nous traite comme des incapables, il nous laisse responsables de nos choix.
Toujours il respecte notre liberté et attend nos décisions.
J’évoquais la semaine dernière le visage du Père de l’Enfant Prodigue, qui accède au désir de son fils de partir, qui lui donne même la part d’héritage qu’il réclame… de ce Père qui ne fait qu’attendre le retour de son Fils, impuissant à en fixer le moment et même à savoir s’il reviendra… et qui finalement accueille le retour de son fils au moment que lui-même le fils a décidé dans sa propre réflexion. Quelle autonomie du fils, et de tout homme, et quel amour du Père, pour son fils et pour tous.
Nous pensons souvent que « l’homme propose et Dieu dispose ».
Toute l’histoire de la Bible et de l’Evangile nous montre que c’est l’inverse qui est vrai :
Dieu propose et l’homme dispose !
Un autre texte trouvé sur Facebook :

Alors il faut rester à attendre, calme et silencieux, que Dieu fasse briller le soleil dans ma vie ?
Pouvons-nous vraiment dire ça à des gens qui ont tout perdu pendant le cyclone ? à des parents qui perdent leur enfant ? à des personnes en déprime ou en détresse depuis des années ?
Attendre que Dieu fasse briller le soleil dans ta vie.
Pouvons-nous dire ça aujourd’hui à des ukrainiens ? à des russes ? à des gazaouis ? à des israéliens ? à des otages et à leurs familles ?
Pouvons-nous dire ça à tous ceux et celles qui perdent leur emploi à cause de Trump et d’Elon Musk ?
Pouvons-nous dire ça à nos proches qui vivent la violence intrafamiliale ou à des salariés maltraités dans leur entreprise ?
Vous me direz peut-être qu’il y a les Béatitudes ou Jésus dit : « heureux les pauvres », heureux êtes vous si on vous insulte et vous persécute… ». Evidemment si vous ne gardez que cela, vous pouvez justifier qu’on reste inerte et victime devant ce qui nous accable, maintenus en soumission par un Dieu qui attend le moment de nous libérer selon son bon plaisir ? Ce Dieu-là serait un Dieu pervers et sadique qui jouerait avec nous comme le chat joue avec la souris avant de la tuer.
Pour bien comprendre les Béatitudes, il faut regarder la fin de la phrase de chaque Béatitudes : « car le Royaume de Dieu est à eux… il seront rassasiés… … Ils seront consolés… » pour signifier que la souffrance n’aura pas le dernier mot !
Et puis si vous pensez que seule la souffrance et la petitesse sont béatifiées par Jésus vous avez oublié 2 choses dont il ne faut jamais séparer les Béatitudes :
d’une part les Malédictions : « Malheureux êtes-vous, scribes et pharisiens hypocrites, parce que vous payez la dîme sur la menthe, le fenouil et le cumin, mais vous avez négligé ce qui est le plus important dans la Loi : la justice, la miséricorde et la fidélité. Voilà ce qu’il fallait pratiquer sans négliger le reste. » (Mt 23, 23).
d’autre part le Jugement dernier où personne ne sera jugé sur sa pratique religieuse, ses prières ni ses pénitences de Carême, mais sur : « j’avais faim, vous m’avez donné à manger… Tout ce que vous avez fait pour les plus petits qui sont mes frères, c’est à moi que vous l’avez fait. »
Dieu n’est ni un bouche-trou, ni un magicien !
Et nous allons encore attendre les bras croisés que Dieu vienne nous sauver ?
Alors que Dieu attend que les hommes se sauvent entre eux !
Marc THOMAS
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