M'apprivoiser moi-même
- Marc THOMAS
- il y a 22 minutes
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La semaine dernière, nous regardions ensemble le Petit Prince et le Renard en train de s’apprivoiser mutuellement, pour apprendre petit-à-petit à dépasser leurs peurs et à « créer des liens ». C’est tellement nécessaire dans le monde où nous vivons d’apprendre à dépasser nos peurs et nos méfiances pour créer des liens, et vivre ensemble en s’appréciant…
Voir : S'apprivoiser à l'autre https://parole-semee.com/post/s-apprivoiser-a-l-autre |
Mais souvent, il nous est impossible de nous apprivoiser avec l’autre ou de nous adapter à l’imprévu parce que nous ne nous sommes pas apprivoisés nous-mêmes. C’est à cet apprivoisement de nous-mêmes que je vous invite aujourd’hui.
MES PEURS
M’apprivoiser moi-même… Il m’arrive d’avoir peur de moi-même…
Peur de mes réactions parfois violentes ou destructrices que je n’arrive pas à canaliser.
Peur de mes colères qui me font dériver en violence verbale ou physique.
Peur de ma libido que je ne peux maîtriser jusqu’à transformer l’autre en objet.
Peur de mes défauts qui me font toujours retomber dans les mêmes travers.
Peur de déplaire qui m’empêche de dire non et me soumet à l’autre.
Peur de ne pas savoir et de ne pas pouvoir qui me dévalorise à mes propres yeux.
Peur de l’échec qui me démotive et m’empêche d’oser.
Peur de perdre où je me défends bec et ongles.
Peur de l’autre qui me met en retrait.
Peur de ne pas être au top qui me conduit à des excès ou à des mises en danger.
Peur de ne pas être reconnu ou aimé qui déclenche tristesse ou jalousie.
Chacun de nous peut se reconnaître dans telle ou telle de ces peurs…
Chacun peut aussi en poursuivre le catalogue à l’infini…
Si souvent, ces peurs nous paralysent, nous déroutent, nous blessent…
Si souvent ces peurs déclenchent notre timidité ou notre agressivité…
Si souvent ces peurs nous conduisent à l’aigreur ou à la lamentation…
L’être humain ne devient violent que lorsqu’il a peur.

APPRIVOISER MES PEURS
Et si j’apprivoisais mes peurs…
Car l’essentiel est invisible pour les yeux
disaient le renard et le Petit Prince.
Derrière mes peurs se cachent des trésors,
souvent invisibles pour mes yeux, invisibles à ma conscience.
Apprivoiser mes peurs,
c’est accueillir ces peurs en arrêtant de me juger.
Plutôt que de me laisser envahir et écraser par ces peurs,
si je partais à la recherche du trésor qu’elles cachent ?
Jacques Salomé a écrit : « Nos peurs sont les nids de nos désirs. »
Je le traduis ainsi : mes peurs révèlent ce qui est précieux en moi, pour moi, avec mes proches… Je n’aurais pas peur s’il n’y avait pas quelque chose d’important en danger. Mes peurs expriment et déclenchent le besoin de protéger.
Plutôt que de nourrir et ruminer mes peurs jusqu’à la crispation, la fuite, la méfiance, je peux partir à la recherche de ce « précieux » que je sens en danger. Par exemple en reprenant les peurs citées ci-dessus :
Quand j’ai peur de mes réactions violentes ou destructrices, je nomme ce qui me met en danger.
Quand j’ai peur de mes colères, j’identifie ce qui est insupportable et inacceptable pour moi.
Quand j’ai peur de ma libido, j’accueille mes attraits et mes répulsions et j’apprends à les canaliser.
Quand j’ai peur de mes défauts répétitifs, je crois que je peux me rééduquer en cherchant les stratégies pour déconnecter mes fonctionnements automatiques.
Quand j’ai peur de déplaire, je cherche les origines de mon sentiment d’infériorité.
Quand j’ai peur de ne pas savoir, j’identifie mes ressources et mes compétences.
Quand j’ai peur de l’échec, je prends soin de mes traumatismes et de mes dévalorisations.
Quand j’ai peur de perdre, je privilégie les vraies valeurs qui peuvent me sécuriser.
Quand j’ai peur de l’autre, je trouve des raisons objectives d’avoir confiance en moi.
Quand j’ai peur de ne pas être au top, je quitte la comparaison et la compétition.
Quand j’ai peur de ne pas être reconnu ou aimé, je quitte les relations toxiques et je cherche des alliés.
Je me souviens de Jacques Leclercq, un de mes amis prêtres qui accueillait jadis les prostituées qui venaient lui parler au bureau d’accueil de Notre Dame de Paris. Je n’ai jamais oublié ce que Jacques nous a partagé un jour : il disait à chaque femme femme prostituée : aucun de ceux qui sont passés sur ton corps n’ont eu ce que tu es vraiment.
Rien, aucun de nos méfaits, de nos crimes ou de nos traumatismes ne peuvent tuer en nous les pépites qui nous rendent pour toujours digne et unique. Ces pépites sont indestructibles. Simplement, nos méfaits et nos traumatismes peuvent avoir enkysté ces pépites devenues invisibles car c’était leur seule manière de se protéger, comme un diamant est enkysté dans la gangue qui l’entoure.
Comme un sourcier ou un archéologue, il s’agit toujours de partir à la recherche de mes pépites précieuses, et de chercher comment les protéger et les faire émerger en m’enracinant sur des valeurs authentiques et sécurisantes.
Ainsi je peux développer mes ressources, apprendre à canaliser les risques, et marcher vers mon but en suivant mon étoile, et en faisant les détours nécessaires pour parvenir à mon but sur les chemins tortueux de la vie.
APPRIVOISER MES OBSCURITÉS

Aller chercher le rire et le sourire,
l’appeler de mes larmes et de mes mots
qui décrivent l’obscur
pour le faire émerger du cœur
Croire au retour du soleil
au cœur de la nuit noire,
l’attendre avec envie,
l’appeler de mes larmes et de mes mots
qui décrivent mes nuits
pour déjà discerner les étoiles…

Croire en mes pépites indestructibles
souvent si bien cachées – pour se protéger –
derrière mes blessures et mes lâchetés…
Les désinfecter de mes larmes et de mes mots
pour m’émerveiller de les voir surgir
au détour d’un dialogue ou d’un imprévu…
Apprivoiser ces loups qui me dévorent
plutôt que les combattre
ou m’en laisser envahir,
Comme le Petit Prince et le renard
apprivoisent leurs peurs réciproques…
Apprivoiser par mes larmes et mes mots
et découvrir l’exact inverse qui se cache
derrière mes peurs et mes prisons :
mon désir d’Être et ma possible libération…
Marc THOMAS
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