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  • Photo du rédacteurMarc THOMAS

Un seul Corps de baptisés



Cette émission est la troisième d’une série de 3 sur une « Pentecôte en actes ». Après une invitation à revivre, après voir entendu dans nos langues les merveilles de Dieu, nous sommes invités aujourd’hui à nous reconnaître comme formant un seul corps avec tous les baptisés.


LES DONS DE LA GRACE SONT VARIÉS, MAIS C’EST LE MÊME ESPRIT


Les dons de la grâce sont variés, mais c’est le même Esprit. Les services sont variés, mais c’est le même Seigneur. Les activités sont variées, mais c’est le même Dieu qui agit en tout et en tous. À chacun est donnée la manifestation de l’Esprit en vue du bien de tous.


Prenons une comparaison : le corps ne fait qu’un, il a pourtant plusieurs membres ; et tous les membres, malgré leur nombre, ne forment qu’un seul corps.


Il en est ainsi pour le Christ. C’est dans un unique Esprit, en effet, que nous tous, Juifs ou païens, esclaves ou hommes libres, nous avons été baptisés pour former un seul corps. Tous, nous avons été désaltérés par un unique Esprit. (1 Co 12)


UNE DIVERSITÉ NÉCESSAIRE



Comme dans un vitrail aux couleurs et aux formes différentes,

comme dans un corps aux membres différents,

la diversité est constitutive de l’humanité et donc aussi des communautés chrétiennes.


Nous sommes tous sur la même planète,

mais le monde a créé des frontières et des barrières…

La mission de l’Eglise est de rassembler tous les hommes en un seul Corps diversifié.


Une diversité qui est un message prophétique pour notre monde où les différences s’affrontent si souvent, où les différents et les étrangers sont parfois rejetés, où je ne me trouve bien qu’entre semblables… Comme si dans un corps tout le monde devait être un œil, ou une main, ou un pied…


Imaginez-vous à l’époque de St Paul qui écrit cette lettre aux habitants de Corinthe : dans cette ville, il y avait, comme à la Réunion jadis, des hommes libres et des esclaves, des maîtres qui avaient tout pouvoir sur leurs esclaves. Dans ce contexte, Paul bouleverse les codes sociaux quand il annonce : esclaves ou hommes libres, nous formons un seul corps, nous avons tous été désaltérés par un unique esprit.


Il reste encore nécessaire, à notre époque, de bouleverser certains codes sociaux clivants entre les bons et les méchants, les pauvres et les riches, les hommes et les femmes, les homosexuels et les hétérosexuels, les pour ou les contre la retraite à 64 ans, les membres de mon parti politique et ceux des autres partis… Pouvons-nous nous considérer comme un seul corps aux membres différents et nécessaires les uns aux autres ?


Paul évoque aussi que les Juifs et les païens baptisés font partie d’un même corps ! Ce n’était pas évident pour les chrétiens : très vite après la l’Ascension et la Pentecôte, les premières communautés se sont trouvées devant un dilemme qui a créé des tensions entre eux. La question était la suivante : puisque l’Eglise était la continuité du peuple juif, fallait-il que les non juifs reçoivent d’abord la circoncision juive, signe de l’appartenance au peuple de Dieu avant de devenir chrétiens ? Il y eut conflit sur cette question entre Pierre et Paul, et les chrétiens décidèrent de se rassembler pour négocier et traiter ce confit : ce fut le premier Concile de Jérusalem rapporté par les Actes des Apôtres (Ac 15) qui décida d’accueillir de la même manière païens et juif, sans imposer aux uns les prescriptions des autres, sauf quelques attentions alimentaires pour ne pas choquer les autres.


TOUS MEMBRES A PART ÉGALE D’UN MÊME CORPS

Nous tous, Juifs ou païens,

esclaves ou hommes libres,

nous avons été baptisés

pour former un seul corps.


Ce qui donne aux chrétiens une place et un rôle dans l’Eglise, ce n’est pas l’ordination, ce n’est pas la volonté d’un prêtre ou d’un responsable d’équipe…


Seul le baptême donne à tous et à chacun, quel qu’il soit, un rôle et une place dans l’Eglise parce que, comme l’écrit Paul, à chacun est donnée la manifestation de l’Esprit en vue du bien de tous. Ce n’est pas donné à quelques-uns, mais à tous et à chacun. Parce que dans le Corps que forment tous les chrétiens par le baptême, chaque membre a besoin des autres.


Je vous propose en effet d’entendre ce que dit Paul aux Corinthiens dans la suite de sa lettre :


S’il n’y avait en tout qu’un seul membre, comment cela ferait-il un corps ? En fait, il y a plusieurs membres, et un seul corps.

L’œil ne peut pas dire à la main : « Je n’ai pas besoin de toi » ; la tête ne peut pas dire aux pieds : « Je n’ai pas besoin de vous ».

Bien plus, les parties du corps qui paraissent les plus délicates sont indispensables. Et celles qui passent pour moins honorables, ce sont elles que nous traitons avec plus d’honneur ; celles qui sont moins décentes, nous les traitons plus décemment ; pour celles qui sont décentes, ce n’est pas nécessaire. Mais en organisant le corps, Dieu a accordé plus d’honneur à ce qui en est dépourvu.

Il a voulu ainsi qu’il n’y ait pas de division dans le corps, mais que les différents membres aient tous le souci les uns des autres. (1 Co 12, 19-25)


Les communautés chrétiennes, les paroisses, les diocèses, les communautés religieuses sont appelées à être dans notre société des signes visibles et efficaces de cette fraternité universelle multicolore, de cette priorité donnée au « prendre soin » quand l’autre est différent, de cette complémentarité entre les différents membres du corps, de cette grâce multiforme enrichie de la grâce particulière reçue par chacun pour le bien de tous.


Il reste sûrement du travail à faire dans les communautés chrétiennes auxquelles nous participons pour parvenir à cette communion fraternelle, à cette reconnaissance mutuelle... Il arrive dans nos communautés que certaines et certains cherchent d'abord à défendre leur place ou à imposer leur point de vue... Dans la communion fraternelle vient toujours en premier le désir de donner à chacun sa place et de le respecter dans sa spécificité.


UN CORPS ORGANISÉ ET PAS UNE PYRAMIDE HIÉRARCHIQUE


Beaucoup de chrétiens ou de non croyants voient l’Eglise comme une pyramide hiérarchique où le Pape est au sommet, avec en dessous de lui les cardinaux, les évêques, les prêtres et les diacres, puis tout en bas le peuple sous leur autorité.


Cette image hiérarchique de la société civile ne convient pas à l’Eglise. Le Concile Vatican 2 a rappelé que l’Eglise est d’abord un peuple de baptisés, tous membres du même Corps à part égale. Dans ce corps se trouvent des ministres, c’est-à-dire des serviteurs : ils contribuent à organiser ce corps pour que chaque membre puisse remplir son rôle au service du bien de tous et pour que l’Eglise soit une lumière pour les nations : « Lumen Gentium », selon le titre de ce document. Cliquer ici pour lire cette Constitution Conciliaire sur l’Eglise


Dans ce Corps, les évêques et les prêtres ne sont pas la tête, ils ne sont pas le Christ, il sont ceux qui ont reçu la mission de désigner le Christ et de s’effacer devant lui. Car seul le Christ est la tête du Corps :


Il est aussi la tête du corps, la tête de l’Église : c’est lui le commencement, le premier-né d’entre les morts, afin qu’il ait en tout la primauté. Car Dieu a voulu que dans le Christ toute chose ait son accomplissement total. Il a voulu tout réconcilier par lui et pour lui, sur la terre et dans les cieux, en faisant la paix par le sang de sa croix. (Col 1, 18-19).


Dans Ce corps ecclésial, les évêques, prêtres et diacres ne sont pas des patrons comme dans une entreprise, ce sont ceux qui sont « ordonnés » c’est-à-dire ceux qui se consacrent au service de la communion fraternelle, ceux qui ont la mission et la responsabilité de veiller à ce que chacun ait sa place dans la communauté, et à ce que toutes les communautés particulières et différentes restent en communion les unes avec les autres.


Une communauté chrétienne qui se laisser habiter par l’Esprit Saint apprend à vivre comme un corps aux membres différents et non comme une hiérarchie. Alors elle peut devenir « lumen gentium », lumière illuminant le monde des nations et des humains.


Si vous participez à la vie d’une communauté chrétienne ou d’une communauté religieuse,

et plus encore si vous y exercez un ministère de communion, je vous invite à vous demander comment optimiser encore les relations entre tous ses membres : comment veiller pour que le Corps et ses membres ne soient jamais désarticulés, disloqués ou amputés ; comment veiller aux articulations de ce corps pour que les grâces diversifiées de chacun soient au service du bien de tous et jamais dans la compétition ; comment favoriser l’harmonie de l’unique Corps pour contribuer à son élan et à sa vocation d’être toujours lumière des nations !


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Marc THOMAS


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