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L'impuissance de Dieu


L’impuissance de Dieu… Un titre un peu provocateur, dans l’esprit du Père Varillon, jésuite prédicateur de retraites spirituelles, qui a écrit dans les années 1970 deux livres intitulés « La souffrance de Dieu » et « L’humilité de Dieu ». Je vous conseille ces deux bijoux à la saveur évangélique si vous les trouvez…

 

L’impuissance de Dieu… Si vous voulez savoir ce que je veux dire par là, demandez-vous pourquoi le Père a laissé partir son enfant prodigue ? Pourquoi n’est-il pas allé le rechercher pour lui éviter la détresse ? Pourquoi il s’est contenté de l’attendre ? Une telle attitude convient-elle à un Dieu tout-puissant ?

 

L’impuissance de Dieu… J’en veux pour preuve cette conversation au supermarché, avec Hélène et son mari. Elle me dit être une fidèle auditrice de Radio Arc-en-Ciel et de cette émission « Parole semée, paroles partagées ».

 

Elle me demande des nouvelles de ma nièce de cœur ukrainienne et de sa famille, craignant qu’elles souffrent beaucoup du fait de la guerre en Ukraine. Elle ajoute :  Les hommes sont tellement fous ! Il n’y a que Dieu qui puisse arrêter la guerre.

 

Je lui réponds aussitôt : si Dieu peut arrêter la guerre, pourquoi ne l’a-t-il pas encore fait ? Et qu’est-ce qu’il attend pour le faire ?

 

DIEU NE FAIT PAS LA PLUIE ET LE BEAU TEMPS

 

Non, Dieu ne peut pas arrêter la guerre, de même qu’il ne peut pas empêcher son déclenchement ! De même qu’il ne peux pas nourrir à notre place les femmes, les hommes et les enfants qui ont faim de pain ou d’amour !

 

Et pourtant, souvent, les chrétiens pensent que Dieu Tout-Puissant peut tout faire. Ils le prient d’arrêter la guerre, de guérir leur parent malade, d’envoyer le soleil ou la pluie, de changer le cœur des violents. Et la plupart du temps, ça ne marche pas… mais ils continuent pourtant à prier pour que Dieu agisse dans le monde…

 

Ce faisant, les chrétiens ressemblent à mes amis centrafricains au milieu desquels j’ai vécu deux ans qui tapaient avec des bâtons sur des casseroles comme une prière offerte au Dieu de l’orage pour qu’il les épargne des dégâts de la foudre. Parfois l’orage, comme le cyclone, passait à côté et ils disaient merci mon Dieu, parfois comme le cyclone, l’orage passait juste au-dessus et détruisait leurs cases et leurs plantations et ils disaient : Dieu nous a punis.

 

Un Dieu qui aurait la puissance d’envoyer les catastrophes ou de les éviter : ce Dieu-là n’est pas le Dieu de l’Evangile, c’est le Dieu des païens de toutes les religions syncrétistes ou préscientifiques qui, n’ayant pas d’explications sur l’origine de ces phénomènes, imaginent un Dieu qui ouvre ou ferme le robinet des eaux qui inondent, du feu qui brûle, de la violence qui se déchaîne.

 

Cela laisserait entendre que Dieu abandonne certains qui se font tuer à Gaza, en Iran ou dans nos quartiers marqués par la violence, et qu’il choisit de sauver certains autres qu’il protégerait et n’auraient rien à craindre. Que Dieu ferait mourir mon ami Pierre d’un cancer fulgurant en un mois de temps et qu’il guérit un autre.

 

Ce Dieu-là ne serait pas Dieu, il serait odieux ! Il ressemblerait aux tyrans qui choisissent arbitrairement ceux qu’ils valorisent et ceux qu’ils exterminent !

 

Il reste des traces de paganisme dans nos prières chrétiennes. J’ai vu sur Facebook des messages de chrétiens réunionnais remercier Dieu parce que le cyclone Chido avait épargné la Réunion… Mais alors pourquoi Dieu n’aurait pas épargné Mayotte ? Pendant l’approche du cyclone Garance, j’ai vu aussi sur Facebook des prières demandant à Marie que la Réunion soit épargnée de toute destruction et de toute mort… et manifestement Marie n’a pas entendu ni exaucé ces prières…

 

NOUS NE SOMMES PAS LES MARIONETTES D’UN DIEU INTERVENTIONNISTE

 

J’ai lu ces jours-ci sur la page Facebook d’une amie ce message qu’elle a transféré :

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 Si Jésus tient mon avenir entre ses mains, si je n’ai plus qu’à me laisser faire, suis-je encore un homme ou une femme autonome et responsable de mes choix ?

 

Certes nous croisons parfois sur notre route les bonnes personnes au bon moment… Vous dites que c’est Dieu qui les met sur votre route… Est-ce aussi lui qui met sur la route des violents des complices pour les aider dans leurs actes meurtriers ?

 

Ce qui détermine nos vies, c’est plutôt nos choix de vie, les événements auxquels nous participons, notre souplesse ou notre raideur face aux imprévus… Ce qui détermine nos vies, ce sont nos choix de construire des relations sincères, c’est l’attention de nos amis, le résultat de la confiance construite dans une relation qui dure… C’est nous qui construisons et nourrissons ces connexions vivifiantes !

 

Nous rencontrons aussi des personnes toxiques, et parfois nous nous enfermons dans des relations blessantes ou dans du « chacun pour soi » qui juge, rejette et qui écrase… C’est nous qui sommes responsables de ces relations toxiques ou qui choisissons d’y rester…

 

Beaucoup de textes mis en ligne sur Facebook par des chrétiens semblent dire que tout ce que l’homme fait de bien vient de Dieu, et que l’homme ne serait responsable que du mal. Comme si nous étions des marionnettes pilotées à distance par un Dieu qui fait les choix à notre place… ou par un diable qui vient nous détruire malgré nous !  Quelle vision négative et dévalorisante de l’homme !

 

J’ai l’impression que ceux qui pensent cela n’ont jamais lu l’Evangile où Jésus passe son temps à renvoyer l’homme à ses responsabilités, y compris ceux qu’il guérit : « Donnez-leur vous-même à manger » (Lc 9, 13) ; « Lève-toi, prends ton brancard et rentre chez toi » (Mc 2, 11) ; « Ce que vous avez fait au plus petit d’entre mes frères, c’est à moi que vous l’avez fait » (Mt, 25, 40).

 

Le Dieu Créateur de la Bible n’intervient pas dans la vie du monde, car il a donné à l’homme et à la femme la responsabilité de dominer la terre, de la cultiver et de lui faire porter fruit.

 

Dieu créa l’homme à son image, à l’image de Dieu il le créa, il les créa homme et femme. Dieu les bénit et leur dit : « Soyez féconds et multipliez-vous, remplissez la terre et soumettez-la. Soyez les maîtres des poissons de la mer, des oiseaux du ciel, et de tous les animaux qui vont et viennent sur la terre. (Gn 1, 27-28).

 

DES FEMMES ET DES HOMMES RESPONSABLES DE LEURS ACTES

 

Dieu n’intervient pas dans l’histoire du monde. Dieu n’intervient pas là où il a créé l’homme libre et responsable.

 

Je prends aujourd’hui à témoin contre vous le ciel et la terre : je mets devant toi la vie ou la mort, la bénédiction ou la malédiction. Choisis donc la vie, pour que vous viviez, toi et ta descendance, en aimant le Seigneur ton Dieu, en écoutant sa voix, en vous attachant à lui ; c’est là que se trouve ta vie, une longue vie sur la terre que le Seigneur a juré de donner à tes pères, Abraham, Isaac et Jacob. (Dt 30, 19-20).

 

Ce sont les humains qui créent leur destin, qui choisissent de faire la guerre ou de faire la paix. La toute-puissance de Dieu n’est pas de l’ordre d’un pouvoir coercitif et punitif. C’est une toute puissance d’amour qui invite l’homme à faire ses choix, qui ne l’empêche pas de partir à contre-sens, mais qui reste disponible comme une source, comme un soutien quoi qu’il arrive. Dieu ressemble à ces parents qui continuent à aimer leurs enfants même quand ceux-ci les rejettent ou font les 400 coups. Dieu est comme ces parents impuissants à changer les choix de leurs enfants, mais qui restent toujours disponibles à les accueillir.

 

Regardez l’histoire de l’enfant prodigue dans l’Evangile : le Père le laisse partir et dilapider sa fortune : il attend impuissant à aller le chercher, il attend que son fils revienne de lui-même… Loin de le blâmer, il l’accueille et le restaure dans sa dignité de fils (Luc 15, 11-32). Les parents qui ont vu partir leur enfant dans la colère ou la violence savent de quoi il s’agit : leur impuissance à changer les choses laisse intact leur amour blessé.

 

Et encore dans l’Evangile

 

-  Regardez le jeune homme riche. Jésus lui dit : « Si tu veux être parfait, va, vends ce que tu possèdes, donne-le aux pauvres, et tu auras un trésor dans les cieux. Puis viens, suis-moi. » À ces mots, le jeune homme s’en alla tout triste, car il avait de grands biens. (Mt 19, 16-22) Et Jésus le laisse partir…

 

Regardez Jésus dans sa Passion : devant les accusations des pouvoirs religieux et politiques, Jésus se tait, Dieu n’empêche pas les violents d’intervenir, Jésus lui-même dit qu’il se sent abandonné, mais c’est dans cette impuissance totale et dans cette traversée de la mort que surgit la vie et le salut !

Il est temps de nous convertir : Dieu n’intervient pas dans la vie des hommes. Mais nous le trouverons toujours à la source et en soutien quand nous choisirons librement de prendre nous-mêmes nos responsabilités pour construire plutôt que détruire !

 

C’est nous qui pouvons choisir d’entretenir les conflits et la guerre, c’est nous qui pouvons choisir de chercher la négociation ou la réconciliation pour bâtir la paix. Attendre que Dieu le fasse à notre place serait démissionner de nos responsabilités d’hommes et de femmes !

 

On nous a appris le proverbe : L’homme propose et Dieu dispose.

En régime chrétien, c’est exactement l’inverse qui est vrai :

 

DIEU PROPOSE ET L’HOMME DISPOSE.




Marc THOMAS

1 commentaire

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Invité
29 juil.
Noté 5 étoiles sur 5.

Merci pour cet éclairage puissant qui rappelle à notre responsabilité.


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