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Photo du rédacteurMarc THOMAS

L'éponge émotionnelle


L’ÉPONGE ÉMOTIONNELLE :

APPRENDRE A S’EN SERVIR !



Au travail, une personne m’a dit que j’étais comme une éponge, que j’absorbais les émotions des autres et qu’il fallait que je me blinde plus. Effectivement j’ai une sensibilité particulière même si je n’arrive pas forcément moi-même à dire mes émotions et que je les garde beaucoup.



Nos émotions et nos ressentis sont notre ressource principale :

ils nous permettent d’entrer en relation avec le monde, avec les autres…

Attention à ton désir de ne plus être éponge émotionnelle !

En cherchant à te blinder, tu risques de te durcir, de t’aigrir…

et de perdre les ressources relationnelles de ton potentiel émotionnel !

L’objectif n’est pas de supprimer l’éponge, mais d’apprendre à s’en servir !


L’EPONGE ABSORBE


Tu renverses du vin ou de l’eau sur la table…

Vite l’éponge pour absorber et éviter que ça tache…

Et momentanément, l’éponge prend la couleur du liquide absorbé…


Un proche laisse éclater sa joie, son espoir, son impatience…

ou déverse ses larmes de tristesse, ses cris de colère…

Un film te met la larme à l’œil…

Quand un ami traverse le deuil, tu partages sa souffrance…

Tu es touché, tu ressens en toi ce que l’autre ressent,

tu absorbes tout ou partie de ce qui vient de l’extérieur…

Tu ris de ses rires, tu pleures de ses larmes…

Et parfois même, ses rires et ses pleurs

viennent réveiller et amplifier tes joies à toi ou tes souffrances personnelles…


Des ressentis partagés sont le gage d’une relation épanouissante !

Que de confusion quand nos sentiments se mêlent ou s’entrechoquent !

Et tu as tellement absorbé que tu ne sais plus où tu en es !

Si quelqu’un tombe dans un trou, ce n’est pas en y tombant aussi que tu l’en sortiras !

L’empathie ne consiste jamais à se mettre à la place de l’autre,

mais à rester à ta place et à lui tendre la main pour qu’il puisse s’y agripper.

Alors tu seras dans la relation et non dans la confusion.


Comment faire pour accueillir sans confusion ?

  • Rappelle-toi : ce que l’autre dit et partage, ça ne parle que de lui.

  • Même s’il admire ou rejette quelqu’un, ça ne parle que de son intérêt ou de ses limites

  • Apprends à ressentir ce qu’il ressent en restant à juste distance : enraciné en toi pour ne pas te noyer dedans.

  • Pour ne pas prendre sur toi ce qu’il éructe, mets-toi à côté de lui et pas en face.


L’ÉPONGE N’EST PAS CE QU’ELLE ABSORBE


L’éponge n’est pas l’eau et le vin qu’elle absorbe…

elle remplit seulement sa mission d’absorber

pour éviter une plus grande catastrophe…

Et pourtant, certaines éponges restent définitivement tachées

par la couleur du liquide qu’elles ont absorbé…


Si tu es dans l’empathie, tu es touché, tu ressens,

mais tu ne plonges pas dans la joie ou la misère de l’autre :

simplement tu l’entends, tu l’accueilles, sans la prendre sur toi,

et tu permets à l’autre de se libérer en la laissant sortir…


Tu deviens éponge émotionnelle quand tu te laisses envahir,

quand le bouleversement de l’autre te bouleverse toi,

quand reçois sa violence ou sa colère sans protection,

quand tu prends sur toi l’agressivité qui vient de l’autre,

jusqu’à être toi-même blessé par l’émotion de l’autre.


Tu n’es pas ton émotion, tu étais avant elle, tu seras après elle !

Comme le cyclone ou l’orage, ton émotion ne fait que passer,

sauf si tu la retiens et si tu te pourris la vie en « ruminant » intérieurement,

sauf si tu t’intoxiques toi-même en répétant en boucle ce que l’autre t’a fait…


Une fois l’émotion passée, tu peux te recentrer sur toi et sur ton identité,

te recentrer sur tes valeurs et tes besoins qui sont tes racines durables.

L’émotion passagère est un signal d’alarme de ton identité profonde

t’invitant à t’ouvrir pour te nourrir, ou à te mettre à l’abri pour te protéger.


L’émotion nous envahit ou nous submerge quand nous ne pouvons pas nous protéger :

ce n’est pas le soleil qui te brûle, c’est toi qui n’as pas protégé ta peau…

Ce n’est pas l’autre qui te blesse, c’est toi qui es blessé car tu n’as pas pu protéger tes fragilités…


Comment faire pour se protéger et laisser passer l’émotion ?

  • rappelle-toi qu’une émotion envahissante précédente a fini pas passer…

  • distingue l'émotion qui passe de tes valeurs et de tes convictions qui demeurent

  • distingue la parole blessante d'un autre de ta sensibilité à protéger comme une pépite

  • cesse de ruminer et de répéter en boucle ce que l’autre t’a fait.

  • accueille l’émotion comme un de fraîcheur ou de tempête qui passe.

  • écoute ce que ça te fait, nomme ta souffrance, plutôt que de les faire taire ou les cacher…

  • cherche, derrière l’émotion, ton besoin satisfait ou insatisfait…

  • cherche, derrière l’émotion, ce qu’elle vient nourrir ou blesser en toi…

  • discerne le message de cette émotion : elle est le signal d’alarme de tes besoins vitaux

  • et comme on désinfecte une plaie, prends soin de ta blessure et de la satisfaction de tes besoins.


ESSORER L’ÉPONGE


Aussitôt après avoir absorbé le liquide renversé,

tu essores ton éponge pour évacuer dans l’évier…

Pour tout absorber,

tu vas parfois essorer plusieurs fois

et évacuer au fur et à mesure…




Quand un évènement nous envahit,

quand quelqu’un nous blesse,

nous oublions d’essorer notre éponge émotionnelle :

non seulement nous prenons sur nous,

mais nous gardons en nous,

nous ruminons intérieurement,

nous tournons en rond,

nous ne voulons pas dire ou nous n’osons pas dire…


Des blessures d’enfance ou des conflits familiaux ne peuvent être dits…

Des femmes battues, violées ou violentées restent dans le silence et la honte…

Des hommes confrontés à l’échec se murent dans le silence ou le mensonge…

Des enfants élevés à la dure deviennent des ados violents…


Et nos vies deviennent parfois comme des éponges non essorées,

dégoulinantes de tout ce toxique que nous n’avons pas pu évacuer…


L’envahissement émotionnel ne vient pas d’abord de l’événement d’aujourd’hui.

Il vient souvent de l’accumulation, jusqu’à la goutte qui fait déborder le vase.

Il réveille parfois des fragilités ou des blessures anciennes non cicatrisées.


Comment faire pour ne pas rester envahi ?

  • tu ne pourras pas essorer si tu vis à 220 à l’heure, sans temps de pause…

  • prends le temps de te poser, de respirer, de te détendre…

  • parle à une personne de confiance pour déposer le trop lourd dans la bienveillance.


Comment faire quand ça réveille mon mal-être ?

  • demande-toi si c’est la première fois que ça t’arrive d’être ainsi touché ?

  • cet événement d’aujourd’hui te rappelle-t-il quelque chose ?

  • laisse venir le souvenir, et d’abord le ressenti, les yeux qui se mouillent…

  • et remémore-toi cet événement de jadis pas encore cicatrisé

  • reçois sans jugement la douleur de jadis que l’événement d’aujourd’hui réveille…

  • accueille avec tendresse cette douleur de jadis et désinfecte-la par la parole.



RINCER L’ÉPONGE


Après avoir essoré l’éponge du liquide qu’elle a absorbé,

tu la rinces plusieurs fois sous une eau claire,

tu la laves et la laisses sécher pour qu’elle reconstitue ses capacités.


Après avoir été confronté à une émotion forte,

il reste à terminer de l’évacuer en nous lavant.

Parfois, lorsque quelqu’un me partage sa détresse et son bouleversement,

je ressens le besoin d’aller me laver les mains ou de prendre une douche,

non pas parce qu’elle m’a sali, mais parce que je me sens encore imprégné

d’une détresse et d’une souffrance qui ne sont pas les miennes.

D’autres fois, je vais marcher au grand air, je prends le temps de respirer…

Et puis je me replonge dans des eaux claires

de mes valeurs, de mes convictions, de mes désirs…

Sans cela, comment pouvoir continuer à écouter et accompagner ?


Prendre les moyens de faire une pause, de dire stop, de savoir couper.

Sinon, tu restes imprégné des ondes douloureuses ou toxiques.

L’événement envahissant prend toute la place, comme si plus rien d’autre n’existait.

Parfois, 20 ans après, des personnes ruminent encore un échec, une trahison,

et continuent à envenimer la plaie qu’elles n’ont pas pu désinfecter.

L’arbre cache la forêt, tu rumines et tournes en rond dans un climat toxique…


Comment faire pour lâcher prise ?

  • comme on lave une éponge, lave toi les mains, prends une douche…

  • va marcher dans la nature et respirer un air frais…

  • regarde tes enfants jouer et rire, accueille la tendresse d’un proche…

  • ose construire demain, plutôt que de ressasser tes regrets d’hier

  • si la détente ne vient pas, parle à une personne de confiance

  • plonge-toi dans l’eau claire de tes valeurs, de tes convictions, de tes désirs…

Merveilleuse éponge émotionnelle…

quand tu peux absorber, distinguer, essorer, laver…

Le courant de la vie te traverse sans t’envahir,

il te permet de rester toi dans la relation à l’autre…


Marc THOMAS – 7 octobre 2021 – parole-semee@orange.fr

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