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Esprit de Pentecôte



En cette fête de Pentecôte, je voudrais simplement relire avec vous la manière dont Luc décrit cet évènement dans les Actes des Apôtres, et essayer d’en chercher le sens un peu plus loin que les seules images qui peuplent nos têtes…

 

Lecture du livre des Actes des Apôtres                                  (Ac 2, 1-11)

 

RÉUNIS

 

Quand arriva le jour de la Pentecôte, ils se trouvaient réunis tous ensemble.

 

A première vue, c’est une belle communion fraternelle.et pourtant ils ne sont qu’entre eux, les convaincus.

L’Evangile de Jean précise même que les portes du lieu où se trouvaient les disciples étaient verrouillées par crainte des Juifs (Jn 20, 19)

Les Apôtres et les disciples, bref les proches de Jésus se trouvent ensemble, mais enfermés dans la peur depuis la mort de leur Maître.


SOUFFLE

 

Soudain un bruit survint du ciel comme un violent coup de vent : la maison où ils étaient assis en fut remplie tout entière.

 

Un violent coup de vent qui envahit toute la maison fermée

et probablement en ouvre les portes et les fenêtres !

 

Comme entrée discrète, on fait mieux ! Le surgissement de l’Esprit bouscule et décoiffe !

Ce vent, c’est le « Souffle » qui planait sur les eaux au moment de la création

C’est le souffle que Dieu inspire dans les narines de l’homme sorti de la terre

C’est le souffle d’incendie qui lave des souillures

C’est le souffle d’une brise légère où Elie reconnaît le passage de son Dieu (1 Rois 19, 12)

C’est le souffle des prophètes de tous les temps qui osent l’exprimer

Et Jean dira dans son évangile : Le vent souffle où il veut : tu entends sa voix, mais tu ne sais ni d’où il vient ni où il va. Il en est ainsi pour qui est né du souffle de l’Esprit. (Jn 3, 8).

 

Ce souffle, en cette Pentecôte, va ouvrir les portes verrouillées par la peur

 

Individuellement, nous pouvons nommer ce qui nous enferme, ce qui est verrouillé en nous, ces moments de nos vies où la peur nous tétanise, ces moments de nos vie où nous manquons d’air et où nous voudrions nous poser pour respirer un peu. Nous pouvons aussi pointer tous ces domaines de nos vies où nous manquons de souffle, où nous avons perdu notre motivation et notre énergie…

 

Ici vient jaillir le souffle de Pentecôte par un événement imprévu, une parole qui nous ouvre les yeux, une rencontre qui nous redonne de l’énergie, un dialogue qui détend un conflit…

 

Dans les communautés chrétiennes, sommes-nous sûrs de vivre l’Esprit de Pentecôte quand l’essentiel des activités se déroulent dans les églises, où nous risquons de nous enfermer… Quand nous restons trop exclusivement axés sur le catéchisme, les communions, les célébrations chrétiennes, les temps de louange, et parfois trop absents des grands enjeux du monde…

 

Ici vient jaillir le souffle de Pentecôte quand nous nous rappelons – ou quand la vie nous rappelle - que nous ne serons pas jugés sur nos pratiques religieuses, mais sur nos pratiques d’amour : J’avais faim vous m’avez donné à manger… Ce que vous avez fait au plus petit d’entre mes frères, c’est à moi que vous l’avez fait…

 

FEU


Alors leur apparurent des langues qu’on aurait dites de feu, qui se partageaient, et il s’en posa une sur chacun d’eux. Tous furent remplis d’Esprit Saint : ils se mirent à parler en d’autres langues, et chacun s’exprimait selon le don de l’Esprit.

 

Alors ne transformez pas ces langues de feu en cierges dans les églises

Ni en petites bougies qui assurent la décoration de nos appartements 

Ni en image pieuse d’un saint couronné de lumière ou porteur d’une bougie !

 

Ce feu sur chacun est le brasier du buisson ardent où Dieu se révèle

Ce feu est celui qui brûle les sacrifices pour purifier le peuple (Ex 29, 10-14)

Ce feu est celui qui ne doit pas s’éteindre sur l’autel (Lev 6, 5-6)

Ce feu désigné par Jean Baptiste : Lui vous baptisera dans l’Esprit saint et le feu » (Mt 3, 11). 

Je suis venu apporter un feu sur la terre, et comme je voudrais qu’il soit déjà allumé ! » dit Jésus (Lc 12, 49)



PAROLE

 

Ce feu, en cette Pentecôte, leur donne la parole, ils osent se mettre à parler

 

Je pense ici à tous ceux et celles qui ne trouvent plus dans le langage des églises trop insipide de quoi donner sens à leur vie. Je pense à celles et ceux qui croient qu’évangéliser, c’est parler de Dieu, et qui oublient de rejoindre les humains de toutes convictions dans leurs questionnements, leurs espoirs et leurs désespoirs, leur fragilités et leurs réussites…

 

Car c’est là seulement que souffle l’Esprit et que le feu jaillit, quand des femmes et des hommes s’engagent dans les carrefours des grands enjeux du monde, quand des chrétiens osent agir et prendre la parole dans ces espaces humains de conflits, de guerres, de fractures…

 

Or, il y avait, résidant à Jérusalem, des Juifs religieux, venant de toutes les nations sous le ciel. Lorsque ceux-ci entendirent la voix qui retentissait, ils se rassemblèrent en foule.

Le premier effet de cette parole est de rassembler des nations différentes.

 

Ils étaient en pleine confusion parce que chacun d’eux entendait dans son propre dialecte ceux qui parlaient. Dans la stupéfaction et l’émerveillement, ils disaient : Ces gens qui parlent ne sont-ils pas tous Galiléens ? Comment se fait-il que chacun de nous les entende dans son propre dialecte, sa langue maternelle ?

 

Ne transformer surtout pas ce qui se passe à la Pentecôte dans un « parler en langues », car ce n’est pas de cela qu’il s’agit. Les disciples ne parlent pas en langues, c’est-à-dire qu’ils ne parlent pas dans des langues nouvelles et incompréhensibles !

 

Le vrai miracle de la Pentecôte n’est pas qu’ils parlent, mais que chacun les entend et les comprend dans sa langue maternelle.

Des chrétiens pleins de bonnes intentions souhaitent d’abord que les non croyants se convertissent et reviennent à l’église. Des catéchises souhaitent d’abord dire aux parents ce qu’ils doivent faire pour leurs enfants et pour être de bons chrétiens.

 

Or la Pentecôte, c’est la démarche inverse :  il ne s’agit plus d’attendre qu’ils vous écoutent et qu’ils vous rejoignent, mais l’Esprit de Pentecôte vous fait sortir de vos églises pour aller à leur rencontre, pour écouter leurs préoccupations et pour les rejoindre dans leurs soucis personnels, pour discerner comment eux cherchent à donner sens à leur vie… En faisant cela, vous parlez leur langue et ils vont pouvoir s’émerveiller des merveilles de Dieu, peut-être pas dans vos cantiques, mais dans leur vie quotidienne…

  

Parthes, Mèdes, Élamites… Créoles, Zoreils, américains, ukrainiens, russes, israéliens, palestiniens… tous nous les entendons parler dans nos langues des merveilles de Dieu.

 

Romains de passage, Juifs de naissance et convertis, Crétois et Arabes… Catholiques pratiquants ou non, Juifs, musulmans, malbars, marcheurs sur le feu… tous nous les entendons parler dans nos langues des merveilles de Dieu.


La Pentecôte, c’est l’Église qui parle dans la langue des hommes de son temps.

Nous sommes loin de cette Pentecôte là

dans ce monde d’aujourd’hui où les tensions s’amplifient,

dans l’Église d’aujourd’hui décrédibilisée par les affaires de pédophilie,

dans nos communautés chrétiennes jugeant celles et ceux qui ne pratiquent pas

dans les discours de morale qui rejettent celles et ceux qui ne sont pas dans les normes

dans les dénonciations des artistes qui traduisent la Cène dans leur langage

dans nos attentions portées en priorité sur ce qui se passe dans les églises plutôt que de chercher à rejoindre prioritairement ceux qui sont sur les marges ou à l’extérieur …

 

L’évangélisation selon la Pentecôte, c’est d’abord apprendre l’autre : apprendre et parler sa langue, écouter la langue de ses émotions, la langue de ses besoins et de ses attentes, c’est tout faire pour que lui entende, non pas le message que nous voulons lui faire passer, mais qu’il entende ce qui va lui paraître bon pour lui, dans ce que lui vit aujourd’hui.

 

Jésus n’invite pas ses disciples à aller chercher les nations pour les amener chez nous.

Il invite ses disciples à aller rejoindre les hommes là où ils sont :

Voici qu’il vous précède en Galilée (carrefour des nations) ; là, vous le verrez (Mt 28, 7)

Pourquoi restez-vous là à regarder vers le ciel ? (Ac 1,11)



Marc THOMAS




 

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