"Fruit de la terre et du travail des hommes"
Sacrements
Sacrement n’est pas sacré
Pour les chrétiens, la célébration des sacrements est le cœur vivant de leur foi,
ces moments, ces gestes et ces paroles
qui réalisent et manifestent la présence et le salut de Dieu
au cœur de l’homme, au cœur du monde. On a souvent confondu les sacrements des chrétiens avec le sacré des païens :
il ne fallait pas toucher l’hostie consacrée… ni les vases sacrés…
il fallait être pur et se confesser pour pouvoir communier…
jadis le prêtre disait tout en latin, tournant le dos au peuple,
comme s’il faisait un rituel mystérieux, lui proche de Dieu et nous loin de l’autel
Or les sacrements des chrétiens sont bien différents du sacré des rituels païens !
Sacrements : la coopération entre l’homme et Dieu
Avez-vous déjà pensé
que tous les sacrements ont besoin d’un élément matériel
pour réaliser et manifester le salut de Dieu :
l’eau du baptême
l’huile pour les malades, pour la confirmation et l’ordination,
l’amour humain et le « oui » pour le mariage
le regard de vérité sur nos vies et nos actes pour le pardon…
Et le pain et le vin de l’Eucharistie !
Pas d’Eucharistie sans « les fruits de la terre et du travail des hommes »
Il n’y a pas de sacrement
sans « matériaux » humains, sans le travail et l’activité humaine.
C’était déjà vrai dans la manière d’agir de Jésus :
Jésus ne fabrique pas du pain d’un coup de baguette magique :
« Donnez-leur vous-même à manger » dit Jésus (Lc 9, 13).
c’est un enfant qui offre son panier-repas : 5 pains et 2 poissons (Jn 6, 9).
C’était déjà vrai à Cana :
Jésus ne fabrique pas du vin d’un coup de baguette magique !
il faut de l’eau, et des personnes qui remplissent les jarres
pour que le vin coule en abondance.
Quelles conclusions en tirez-vous ?
Le Dieu des chrétiens n’agit jamais sans l’homme.
Pas de multiplication des pains sans cet enfant qui partage son pique-nique
Pas de vin en abondance sans que les restaurateurs remplissent d’eau les jarres
Pas de conversion de Zachée sans que Zachée accueille Jésus chez lui
Pas de résurrection de Lazare sans que ses proches le délient de ses bandelettes et aussi de ses prisons
Pas de souffrances apaisées sans des hommes qui portent la croix,
c’est-à-dire qui la soulèvent pour qu’elle pèse moins…
Et nous, souvent nous prions Dieu pour qu’il fasse le boulot à notre place
« et procurez du pain à ceux qui n’en ont pas »
Il nous répond : « Donnez-leur vous-mêmes à manger ! »
et aussi : « J’avais faim, et vous ne m’avez pas donné à manger… »
Le Dieu des chrétiens n’est pas un magicien
qui sauverait les hommes d’un coup de baguette magique.
Dieu ne te sauvera pas si tu ne fais pas ta part !
Si tu ne vas pas chercher en toi !
Pas de puissance de Dieu sans la fragilité de l’homme
Oui mais je ne m’en sens pas capable… Je suis si démuni, si petit, je n’ai pas confiance en moi, je suis blessé… Nous disons si souvent : je ne peux rien faire…
L’enfant de la multiplication des pains était pareil :
que pouvait-il faire avec 5 pains et 2 poissons pour nourrir une foule ? Et pourtant c’est son partage qui déclenche tout…
Cette femme qui croule sous la violence jusqu’à l’épuisement,
que pourrait-elle faire toute seule ?
Et pourtant après quelques entretiens où elle a vidé sa souffrance, elle revient me dire :
avant je ne faisais à manger que ce qu’il aimait, maintenant je fais aussi ce que j’aime.
Et puis je suis allé chez le coiffeur, et pour la première fois depuis longtemps,
j’ai osé me regarder dans une glace, et je me suis trouvée belle !
Sa libération est en route…
Cette femme qui m’écrit : « je cherche la paix car mon histoire m’étouffe »
pourrait rester des années à subir, à souffrir, à se dire je dois supporter. Il lui a suffi d’entendre une émission de radio intitulée « blessés »
pour solliciter un rendez-vous et venir déposer son sac…
Cette grand-mère s’étonne que son petit fils n’ait pas réussi son bac…
Pourtant elle a mis des cierges tous les jours pour demander à Dieu la réussite.
Mais si ce jeune ne veut pas travailler, faut-il demander à Dieu de pallier à son manque de travail ?
Cet homme Nelson Mandela prisonnier et malmené pendant des années,
refuse pourtant la vengeance. Sortant de prison, il devient l’artisan de la réconciliation
entre son peuple et ceux qui l’opprimaient.
Si personne ne met la main à la pâte, il n’y aura jamais de pain.
Si l’homme ne fait pas le pas qu’il peut faire, ne serait-ce qu’un appel au secours,
comment pourrait-il être sauvé ?
Nous n’avons pas besoin d’être forts pour nous en sortir,
nous avons besoin d’oser le pas que nous pouvons faire.
Et le Dieu des chrétiens multipliera nos partages
comme à Cana, comme à la multiplication des pains.
C’est cela que l’on veut dire dans l’expression :
« aide-toi, le ciel t’aidera ! »
Ou encore dans la sagesse bouddhiste
« quand l’élève est prêt, le maître se présente »
Si tu te mets dans les bonnes dispositions,
si au lieu de te lamenter tu te demandes quelles sont tes ressources,
si tu crois qu’au fond de toi se trouve une énergie que tu peux réveiller
alors tu feras un tout petit pas… et tu verras se présenter des opportunités inattendues.
Aujourd’hui, Dieu n’a pas de main… sinon les tiennes pour partager, construire, caresser…
Et Jésus dit : « J’avais faim, et vous m’avez donné à manger… J’avais soif et vous m’avez donné à boire… J’étais un étranger et vous m’avez accueilli… » Si nos mains, nos paroles, nos gestes, nos regards ne s’ouvrent pas à l’autre démuni,
Dieu ne pourra pas le restaurer, l’abreuver, l’accueillir…
Nos vies, nos gestes, nos regards, deviennent sacrements de la présence et du salut de Dieu.
Nos mains, nos regards, nos travaux, notre créativité, nos compétences, et même notre fragilité, tous sont sacrements, c’est-à-dire :
tous manifestent et réalisent concrètement dans nos vies le salut de Dieu. Pour manifester son amour aux hommes,
Dieu n’a pas d’autre regard et d’autres mains que les tiennes !
Vous voyez pourquoi la messe s’appelle « Eucharistie » c’est-à-dire « action de grâce ». L’action de grâce n’est pas d’abord une prière, mais une action,
notre action, l’action de notre vie, les activités de notre vie
qui peuvent réaliser le salut de Dieu pour nos frères !
C’est toi qui partage, et c’est Dieu ou la vie qui multiplie tes partages !
Marc THOMAS 25 août 2021 parole-semee@orange.fr
Lisez d’autres textes sur le Blog de l’auteur : www.parole-semee.com
Je vous invite à lire ce beau chant et à l’écouter ici : https://youtu.be/QbKSEG-EjkA
ENTRE NOS MAINS, TU ES LE PAIN
Paroles et musique : Noël COLOMBIER
Entre nos mains, tu es le pain
Entre nos mains tu es la vie
Ouvre nos mains pour donner le pain
Ouvre nos mains pour donner la vie !
1 - Ces mains agrippées au travail
Qui bâtissent le monde
Ces mains unies par l'affection
Les tendresses humaines
Ces mains, quand elles partagent le pain
Chantent ta gloire!
2 - Ces mains qui scandent notre joie.
Sur des rythmes de danse
Ces mains crispées, portant la croix
D'une lourde souffrance
Ces mains, quand elles partagent le pain
Chantent ta gloire!
3 - Ces mains croisées par l'amitié.
Formant comme une chaîne
Ces mains qui serrent une autre main
Et redonnent confiance
Ces mains, quand elles partagent le pain
Chantent ta gloire!
4 - Ces mains cordiales de l'accueil
Comme une porte ouverte
Ces mains levées comme un appel.
Les mains de la prière
Ces mains, quand elles partagent le pain
Chantent ta gloire!
5 - Ces mains qui gomment le passé Quand elles pardonnent à l'autre Ces mains tendues comme un voilier Tournées vers l'espérance Ces mains, quand elles partagent le pain Chantent ta gloire! 6 - Ces mains qui remettent debout Qui soignent ou qui guérissent Ces mains qui sauvent et donnent vie Quand elles refont tes gestes Ces mains, quand elles partagent le pain Chantent ta gloire! 7 - Ces mains portant comme un enfant Ce que l'on donne aux autres Ces mains apaisées par la mort Qui s'ouvrent à l'autre vie Ces mains, quand elles partagent le pain Chantent ta gloire!
à écouter ici :
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