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Photo du rédacteurMarc THOMAS

La violence : 3. Changer de logiciel !


Vous avez appris qu’il a été dit : Œil pour œil, et dent pour dent.

Eh bien ! moi, je vous dis de ne pas riposter au méchant ;

mais si quelqu’un te gifle sur la joue droite, tends-lui encore l’autre.

Et si quelqu’un veut te poursuivre en justice

et prendre ta tunique, laisse-lui encore ton manteau.

Et si quelqu’un te réquisitionne pour faire mille pas, fais-en deux mille avec lui.

À qui te demande, donne ; à qui veut t’emprunter, ne tourne pas le dos !

Vous avez appris qu’il a été dit : Tu aimeras ton prochain et tu haïras ton ennemi.

Eh bien ! moi, je vous dis : Aimez vos ennemis,

et priez pour ceux qui vous persécutent,

afin d’être vraiment les fils de votre Père qui est aux cieux ;

car il fait lever son soleil sur les méchants et sur les bons,

il fait tomber la pluie sur les justes et sur les injustes.

(Mt 5, 38-45)


1. « si quelqu’un te gifle sur la joue droite,

tends-lui encore l’autre »

Non pas accepter les coups,

mais quitter la réplique ou la fuite

pour rompre la chaîne de la violence

en la prenant à contrepied


Passer de la réplique ou de la fuite

à la présence et à la négociation

Choisir de faire face dans l’affirmation de soi et sans agressivité

transformer la violence en un conflit négociable,

protégé par ma force intérieur qui n’a plus besoin ni envie de violence extérieure



2. « si quelqu’un veut te poursuivre en justice et prendre ta tunique, laisse-lui encore ton manteau »

Non pas se laisser dépouiller ! mais canaliser l’instinct de possession

Que de violences et de jalousies viennent de l’instinct de possession et d’avoir,

d’amasser toujours plus et de défendre mes gains toutes griffes dehors,

instaurant partout la méfiance et nous faisant vivre sur le qui-vive…

Et même cet instinct qui me conduit à « moi d’abord »,

à privilégier ma liberté perçue comme « je fais ce que je veux, quand je veux »

sans prendre en compte l’impact sur les autres et sur mon environnement…

L’instinct du propriétaire, propriétaire des biens et propriétaire de soi,

qui ne voit plus l’autre qu’à travers ses intérêts personnels, comme un complice ou un danger…

Mes biens, ma liberté : « c’est à moi, pas touche ! »

et toute décision concernant l’intérêt général est combattue et rejetée

sans même laisser ouvert un espace de négociation.


Passer de la possession au partage,

parce que je viens au monde nu et y repartirai en poussière,

parce la terre et ce qu’elle produit est à tous,

parce que je n’y suis que de passage,

chargé de la faire fructifier et non de me l’approprier,

parce que l’avoir est éphémère, et seul l’être comme l’amour sont éternels


Si tu prends ma tunique, tu ne prends qu’un objet momentané,

tu ne prends rien de moi

mais en donnant mon manteau, je casse la prison de l’avoir

et j’ouvre la porte du cœur qui donne et se donne en partage …

Tu ne prends pas ce que j’ai, je te donne ce que je suis…


3. « Et si quelqu’un te réquisitionne pour faire mille pas, fais-en deux mille avec lui. »


Il ne s’agit pas de se laisser exploiter

Il s’agit de ne plus être esclave des demandes de l’autre

ni des relations de marchandage Que de fois nous répondons à l’autre pour nous en débarrasser « après il me laissera tranquille »

ou simplement pour lui faire plaisir, par crainte qu’il nous en veuille et nous rejette

ou encore dans le donnant-donnant : « je fais ça pour toi, mais tu me dois… »

Je pense à toutes ces relations familiales ou amicales toxiques

où il n’est plus possible dire non ou de dire ce qu’on pense

parce qu’on est dépendant de l’autre.


Passer du marchandage à la disponibilité

Il s’agit ici de choisir par nous-même d’être disponible à l’autre gratuitement

par pour faire ses caprices ou pour nous faire exploiter,

mais pour passer de l’aide, de la prise en pitié ou de la corvée à la disponibilité:

« si quelqu’un a faim, ne te contente pas de lui donner du poisson, mais apprends-lui à pêcher »

Ne fais plus l’aumône, mais donne un peu de toi pour que l’autre s’en sorte.

S’il te demande mille pas, fais en 2000 avec lui :

emmène le plus loin que ce dont il se croyait capable !


4. « À qui te demande, donne ; à qui veut t’emprunter, ne tourne pas le dos ! »

Il ne s’agit pas de le dépanner en lui donnant de l’argent ou des choses,

mais de ne pas tourner le dos, de rester avec l’autre

pour lui donner la motivation d’aller chercher par lui-même ce dont il a besoin.


Passer de l’aide matérielle à l’accompagnement de la personne

Il ne s’agit pas de faire un prêt, mais de ne pas l’abandonner

et de chercher avec lui comment résoudre son problème. Après seulement, tu pourras voir si c’est bon pour lui et possible pour toi

de lui donner ce qu’il demande. Parce que tu lui auras déjà donné plus

en lui permettant de reprendre confiance en lui et en ses capacités.


AIMER SES ENNEMIS


Non pas un amour à l’eau de rose qui fait comme si ce n’était pas grave...

Ni même un pardon trop facile et inefficace tant que les dégâts ne sont pas réparés...

Ni même une prière des lèvres où on demanderait à Dieu de faire le boulot à notre place...


Mais un changement de postures,

un changement dans nos manières de faire et dans nos relations :

- quitter l’agression ou la peur pour la présence qui négocie

- quitter le terrain de la possession pour celui du partage

- quitter la réquisition, le marchandage et l’exigence pour la disponibilité

- quitter le dépannage momentané pour l’accompagnement


Aimer vraiment... pour vivre vrai !



Marc THOMAS





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