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De l'épreuve surgit la liberté

avec Jean SULIVAN - 1


Je commence aujourd’hui un cycle de quatre émissions sur Jean SULIVAN, né en 1913, mort accidentellement en 1980. Prêtre à Rennes, il a demandé à son évêque de quitter le ministère pastoral pour se consacrer en toute liberté à sa passion de l’écriture et à la relation avec ses lecteurs.

 

J’intitule cette émission : « De l’épreuve surgit la liberté ». Il me semble que ce titre définit bien l’itinéraire de vie de Jean SULIVAN. Comme nous quand nous traversons les épreuves, il en a été décapé. De même, beaucoup des personnes que j’écoute me disent à quel point après coup l’épreuve les a fait grandir et leur a permis de fortifier leurs valeurs…

 

Pour ma part, je me reconnais beaucoup dans l’itinéraire de Jean Sulivan, dans ce décapage personnel et institutionnel qui a libéré sa parole vivifiante…

 

L’ITINERAIRE DE JEAN SULIVAN

 

d’après Jean Lavoué, pour le quotidien Ouest-France

 

L’écrivain breton Joseph Lemarchand, plus connu sous son pseudonyme Jean Sulivan, est mort en février 1980, renversé par une voiture, à l’âge de 66 ans.

 

Né le 30 octobre 1913 d’une famille paysanne de Montauban-de-Bretagne, il fut ordonné prêtre en 1938. Il exerça cette fonction avec passion, son talent oratoire lui valant d’indéniables succès. Aumônier des étudiants puis professeur dans un lycée catholique de Rennes, il organise des conférences, crée un ciné-club, « La chambre noire » et un journal mensuel, « Dialogues-Ouest ». Il invite des intellectuels, des artistes et des réalisateurs de renom… Il est alors l’un des animateurs reconnus de la vie intellectuelle rennaise.

 

Crise existentielle

 

Mais son principal débat intérieur se joue avec son Église et notamment avec son propre statut clérical. Il en connaît tous les bénéfices secondaires en ce temps où la Bretagne est une terre encore profondément catholique. Mais en même temps, il le vit comme une épreuve et un carcan. C’est une véritable crise existentielle qu’il traverse.

 

« Mes lecteurs, ma paroisse… »

 

(Cette crise existentielle) débouchera sur une totale métamorphose de sa vocation. L’écriture, avec la publication d’un premier roman en 1958, Le voyage intérieur, sera désormais la voie l’arrachant au statut et à la position de pouvoir clérical dont il avait connu les facilités mais aussi les abus. Il prend un pseudonyme, Jean Sulivan, inspiré du titre d’un film irlandais. Après ses premiers succès en littérature, il quitte Rennes, dès le début des années 60, pour rejoindre Paris et s’immerger entièrement dans le fleuve de l’écriture. L’archevêque de Rennes, le cardinal Roques, l’autorise à ne plus exercer d’autre ministère que celui d’écrivain.

 

« Mes lecteurs, ma paroisse… », écrit-il en effet. En vingt ans, il publie près d’une trentaine d’ouvrages. Il a une influence profonde sur beaucoup de lecteurs en recherche au cours des années postconciliaires. Plus que nul autre, il perçoit la crise institutionnelle qui vient. Aussi, avec son style incomparable, prend-il l’option pour une voie de pauvreté spirituelle et d’intériorité. Ses romans et essais invitent au retournement et à l’exode.

 

 

APPELÉS À LA LIBERTÉ par Patrick RICHARD

 

 

NOUS SOMMES LE PEUPLE DE LA LONGUE MARCHE

PEUPLE DES CHRÉTIENS, PEUPLE DE FRÈRES

NOUS SOMMES LE PEUPLE DE LA NOUVELLE ALLIANCE

UN PEUPLE APPELÉ À LA LIBERTÉ


1. Nous continuons la caravane

Des peuples de la longue nuit

Derrière notre père Abraham

Guidés par le vent de l’Esprit.


2. La mer a été traversée

Moïse a sauvé tout son peuple

La mort a été renversée

Christ nous donne la Liberté.


3. Les boiteux rentrent dans la danse

Les lépreux ont été guéris

Les muets chantent l'Espérance

Les morts-vivants reprennent vie.


4. Peuples chantez votre louange

Chantez un cantique nouveau

Chantez le cantique des anges

Bâtisseurs d'un Monde Nouveau.



DISCIPLE de Jean SULIVAN

 

Celles et ceux qui me connaissent bien reconnaîtront des harmoniques dans ma propre vie avec ce qui est décrit ici de la vie Jean Sulivan et comprendront pourquoi je me considère comme son disciple.

 

J’ai vécu comme lui la même crise existentielle entre une Eglise qui donnait un statut et une aura, et qui en même temps me semblait souvent si loin des préoccupations des hommes et des femmes et des enjeux du monde…

 

J’ai créé à une époque une association qui s’appelait « Confluences » et proposait à des grandes voix de l’humanité, mais aussi à des hommes et des femmes incognito, de partager leurs convictions, leurs valeurs, leurs différentes manières de croire ou leur athéisme. Je proposais ces rencontres et ces échanges avec deux conditions :

 

  • je peux partager mes convictions et mes opinions à condition d’écouter des convictions différentes des miennes.


  • je m’engage à chercher le dialogue et le débat sans jamais vouloir imposer mon point de vue.

 

J’ai beaucoup œuvré pour que les célébrations chrétiennes ne soient pas des rituels désincarnés dans un langage éloigné de la vie quotidienne, mais pour qu’ils résonnent concrètement dans l’expérience humaine faite par les hommes de ce temps quand ils se marient, quand ils donnent la vie, quand ils discernent leurs choix de vie, quand ils passent par la mort.

 

Comme j’aimerais continuer à être disciple de Jean Sulivan, à la manière dont le décrivait Claude Goure, directeur de Panorama : 

 

Ni maître à penser, ni gourou, Jean Sulivan était un éveilleur habité par « l'écriture parole » qui fraie un passage, avive la lucidité, vous force dans vos retranchements pour vous faire naître à votre liberté intérieure, à distance des leçons reçues, des habitudes acquises, des conventions sociales, des conformisme religieux.

 

Et Jean Sulivan écrit encore dans son livre Parole du passant  :

 

Une seule façon d’être disciple. Rajeunir. C’est-à-dire apprendre à mourir, c’est-à-dire se faire libre afin que la mort n’ait plus rien à prendre. Pas de situations acquises, crispations, regrets, embaumements, décorations. « Arrache ta vanité. Je te dis arrache-la » (Ezra Pound). Que l’unique rêve de ta vie sois : te réveiller. (p. 120)

 

Dans la prochaine émission, nous continuerons à découvrir la richesse de la parole de gens Sulivan. Cette émission sera intitulée : Des mots semés en toi à cultiver en Parole de vie. Vous y reconnaîtrez une parenté avec le titre général de nos émissions : Parole semée, paroles partagées…




 Marc THOMAS 




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