top of page

Mots semés à cultiver en paroles de vie

avec Jean SULIVAN


J’ai présenté la semaine dernière les raisons pour lesquelles je me sens disciple de l’écrivain Jean Sulivan, ce prêtre qui dans les années 1960-1980 s’est mis à distance de son ministère institutionnel dans l’Eglise pour se consacrer entièrement à l’écriture et à une parole libre pour rejoindre les aspirations des hommes de ce temps. Vous pouvez retrouver la présentation que j’en ai faite en texte écrit ou en audio en cliquant ici : https://www.parole-semee.com/post/de-l-epreuve-surgit-la-liberte 


Je poursuis ici la présentation de Jean SULIVAN en intitulant cette 2ème partie : Des mots semés en toi à cultiver en Parole de vie. Avec Bruno FRAPPAT, journaliste et ancien Directeur du Journal La Croix, nous allons découvrir l’originalité de la parole de Jean SULIVAN.

 

Vous y reconnaîtrez aussi quelques similitudes avec mes prises de parole, et vous comprendrez mieux en quoi je me considère comme l’un de ses disciples.

 

Le journaliste de La Croix Bruno FRAPPAT écrit ceci dans un éditorial de janvier 2011 évoquant la mutation vécue par Jean SULIVAN quand il a quitté le ministère habituel d’un prêtre pour se consacrer totalement à l’écriture :

 

Cette seconde naissance ouvrit (à Jean Sulivan) la voie d'une liberté intérieure et de la promotion de cette liberté spirituelle qui est le fil conducteur de ses écrits. Liberté par rapport aux restes de chrétienté automatique et sociologique dont ce Breton avait pu constater autour de lui la permanence mais l'usure. Liberté par rapport à l'Église institutionnelle, sans négliger pourtant que celle-ci avait sa fonction : la parole de l'Évangile, écrivait-il, « n’appartient pas à l'Église, mais sans l'Église l'aurions-nous entendue ? » Cette reconnaissance de dette ne l'empêchait pas d'exprimer un sévère appel à une Église qui « cesse d'apparaître comme cette énorme coiffe de plomb à organiser les apparences ». (…)

 

(On trouve dans ses écrits) un tapis de pépites et de formules, exprimées avec une clarté de style, sans apprêt ou prudences rhétoriques. On voudrait les citer toutes…Bornons-nous à en relever qui résonnent avec une actualité, hélas, durable.


Aux barricadés de la conviction : « Je me méfie des certitudes absolues, on n'y trouve souvent que l'attachement à soi-même. » 


Aux compliqués : « Prêtre, laisse là tes notions. » 


Aux fanatiques de toute religion : « Je ne sais pas ce qu'est Dieu. Mais je sais ce qu'il n'est pas : il n'est pas ce qui me contraint. Dieu n'en met pas plein la vue. Ceux qui croient le servir en le brandissant comme un drapeau le trahissent.»


À tout un chacun : « L'enfance est du bonheur ou du malheur stocké pour toujours.» 


À tout contemporain : « Le monde était à la fois atroce et radieux (…) si j'ai écrit c'est parce qu'il m'a paru possible d'accorder une vision lucide et impitoyable avec la confiance allègre.»


A tous ceux qui veulent avoir raison : La vérité est une immense verrière tombée à terre, éclatée en mille morceaux. Chacun se précipite, se penche, prend un éclat de verre qu'il brandit et dit "je tiens la vérité". Ils se précipitent les uns sur les autres avec leur morceau de vérité en forme d'arme. Mais non, vous ne tenez qu'un morceau de vérité. Il faudrait, patiemment, avec amour, rassembler vos morceaux, reconstituer la verrière afin que, de nouveau, elle fasse chanter la lumière.

 

Aux scribes : « Jésus était trop sérieux pour écrire. Ce n'est pas à des notaires qu'il confia le message, mais à des témoins. » 


Aux âpres : Derrière l'égoïsme forcené, l'accaparement et l'accumulation des biens, il y a toujours la peur de la mort. C'est elle qui jette en avant les bêtes de proie. » 


Aux découragés : « La nuit illumine. » 


Aux candidats : « La politique est beaucoup de choses, mais d'abord un jeu de gosses.

 Au niveau des chefs : il s'agit d'épater, de paraître un dur en camouflant sa peur et sa faiblesse. »


Bruno FRAPPAT continue : Jean SULIVAN avait de la littérature une vision accordée à sa liberté intérieure. Il fuyait les honneurs, les mondanités, et le succès n'a fait que l'effleurer. S'il fait trace aujourd'hui, comme sans doute pour demain, cela tient sans doute à la modestie de celui qui écrivait : « Ne cherchez pas un ordre en cet ouvrage (…) cherchez le centre. Où ? En vous-mêmes. »

 

Cette invite constante chez lui à oublier les auteurs, à rendre le lecteur coauteur d'une parole intérieure est un viatique précieux. Ses livres sont bien comme des traces sur un sentier de vie : on les suit en confiance, même quand le marcheur qui les a laissées a disparu.

 

Ce commentaire de Bruno Frappat me touche profondément. Moi aussi j’écris beaucoup. Pour des émissions de radio. Pour des publications sur mon Blog, sur Facebook. Pour des publications diverses.

 

Et quand on me demande une intervention, je refuse absolument qu’elle soit appelée « enseignement » comme c’est actuellement la mode dans les milieux catholiques. Parce que je ne suis pas là pour enseigner ! J’ai appelé mon Blog « Parole semée », j’ai intitulé mon émission de radio « Parole semée, paroles partagées ». Je ne suis pas là pour enseigner, mais pour partager. Je ne suis pas là pour enseigner des vérités mais pour semer une parole qui, pour devenir vivante, a besoin de trouver un terreau labouré, des jardiniers attentifs à sa croissance.

 

Je suis très ému de découvrir aujourd’hui cette phrase de Jean Sulivan : « Ne cherchez pas un ordre en cet ouvrage (…) cherchez le centre. Où ? En vous-mêmes. »… moi qui ai mis en exergue de toutes mes publications : « Ne retiens pas les mots de l’auteur, retiens ce qu’ils font résonner en toi ».

 

Et je veux sans cesse actualiser ce commentaire de Bruno Frappat : « Cette invite constante chez Jean Sulivan à oublier les auteurs, à rendre le lecteur coauteur d'une parole intérieure est un viatique précieux. »






Marc THOMAS


 Je vous propose de terminer cette émission en écoutant ce chant bien connu dans les milieux chrétiens. Mais écoutez-le autrement que d’habitude : soyez attentifs aux paroles de tout ce chant : elles ne nous parlent pas d’abord de Dieu qui parle, mais de ce que cette parole – et toute parole – fait en nous et peut prendre vie et nous vivifier intérieurement.


Comme un souffle fragile


  

Comme un souffle fragile,

Ta parole se donne.

Comme un vase d'argile,

Ton amour nous façonne.


Ta parole est murmure

Comme un secret d'amour,

Ta parole est blessure

Qui nous ouvre le jour.


Ta parole est naissance

Comme on sort de prison,

Ta parole est semence

Qui promet la moisson.


Ta parole est partage

Comme on coupe du pain,

Ta parole est passage

Qui nous dit un chemin.

 

 

1 Comment

Rated 0 out of 5 stars.
No ratings yet

Add a rating
Laurence
Jun 23
Rated 5 out of 5 stars.

Parole semée, comme un murmure intérieur, qui te réconforte et conforte. Merci Marc 🙏

Like
  • Facebook
  • Youtube
  • LinkedIn Social Icône
  • RSS Social Icône
  • Youtube
  • LinkedIn Social Icône

© 2021 by Marc THOMAS par Wix.com

bottom of page