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Photo du rédacteurMarc THOMAS

Marie à bras le corps




MARIE

« L'ange Gabriel fut envoyé par Dieu dans une ville de Galilée appelée Nazareth

à une jeune fille vierge, accordée en mariage à un homme de la maison de David,

appelé Joseph ; et le nom de la jeune fille était Marie.. » Lc 1, 26-38


N’allons pas trop vite à transformer Marie en statue

ou aux images figées de la Sainte Vierge.


Si vous voulez comprendre quelque chose à la Marie de l’Evangile,

regardez votre fille, regardez ces jeunes femmes d’aujourd’hui,

regardez surtout celles qui cherchent à vivre aujourd’hui

dans la simplicité et l’authenticité.


Marie est une très jeune femme amoureuse,

semblable à tant d'autres jeunes filles de Nazareth.

Elle aime Joseph et projette avec lui une vie commune, des enfants, un avenir,

comme tant de jeunes filles de notre monde.


Marie est croyante : elle croit que Dieu parle à son peuple ;

elle sait que Dieu a parlé à Moïse et à tous les prophètes,

qu'il les a envoyés pour être ses porte-parole.


Marie est comme vous et moi,

plus petite et plus humble encore que vous et moi :

jamais elle n'aurait imaginé que Dieu vienne chez elle,

pour lui parler et plus encore :

faire d’elle sa « porte-Parole ».

Et pourtant c'est ce qui se passe ! Quelle nouvelle !


Dieu parle. Mais que dit-il à Marie ?

« Je vous salue Marie, pleine de grâce, le Seigneur est avec vous... »

Non, Dieu n'est pas en train de faire sa prière,

ou plutôt si, mais une vraie prière : une déclaration d'amour !

« Réjouis-toi, Maire, favorisée de Dieu, le Seigneur est avec toi ! »


Autrement dit : « Je t'aime ! »


Dans la rencontre de l'ange avec Marie,

Dieu célèbre ses noces avec l'humanité :

c’est le début de « l'Alliance nouvelle et éternelle ».

« Qui donc est Dieu pour nous aimer ainsi ? » (Hymne de Jean Servel)


Disponible, Marie est à l'écoute : elle a ouvert sa porte à l'ange,

et voila que Dieu la prend « à bras le corps ».

J'oserais même dire que Dieu « la travaille au corps »,

car la Parole de Dieu prend corps dans le corps de Marie et change son destin :


« L'Esprit Saint viendra sur toi

et la Puissance du Très-Haut te prendra sous son ombre. »


Non seulement Dieu parle à Marie pour lui dire : « Je t'aime »

et il y a de quoi être bouleversée !

Mais il envahit son être de femme :

elle va devenir « porte-Parole » de Dieu,

comme personne d'autre avant elle, et bien plus que tous les prophètes !

Un ventre de femme va porter le Verbe éternel !


« Et le Verbe s'est fait chair » dira St Jean.

« Dieu a envoyé son Fils : il est né d'une femme » (Ga 4, 4).


Nous disons avec l’Eglise : « Il a pris chair de la Vierge Marie ».

Quelle nouvelle incroyable ! Dieu au ventre d’une jeune femme !


Marie en est toute retournée, elle n'y comprend plus rien :

« A cette parole, elle fut toute bouleversée

et elle se demandait ce que pouvait signifier cette salutation. »


Elle ose seulement une question :

« Comment cela va-t-il se faire puisque je suis vierge ? »


Face à l'imprévu qui surgit dans sa vie, Marie réagit comme chacun de nous :

retournée, n'y comprenant plus rien, elle éprouve la panique et le désir de fuite.


Comme nous, Marie est bouleversée, sens dessus-dessous :

ainsi commence la vraie conversion.

Comme nous, Marie ne comprend pas ce qui lui arrive :

ainsi commence la vraie confiance,

quand l’homme arrête de vouloir tout comprendre et tout analyser.


Marie nous indique un chemin :

au cœur de sa panique et de sa déroute,

elle entend encore le Dieu auquel elle croit depuis longtemps lui dire :

« Réjouis-toi... Ne crains pas... L'Esprit viendra sur toi... »


Et nous, quand survient l’imprévu qui nous panique,

quand nous nous crispons parce que nous ne comprenons plus rien,

pouvons nous aussi entendre cela :

« Réjouis-toi... Ne crains pas... L'Esprit viendra sur toi... »


Autrement dit dans le langage du développement personnel :

au lieu de nous crisper, pouvons-nous lâcher prise

et faire confiance avec discernement à ce qui vient…


Ecoutez le lâcher-prise de Marie :

« Je suis la servante du Seigneur,

que tout se passe pour moi selon ta Parole. »


Que se serait-il passé si Marie avait cédé à la panique et s’était enfuie ?

L’ange aurait probablement agi comme Jésus avec le jeune homme riche,

ou comme le Père de la parabole avec son fils prodigue : il l’aurait laissée aller.


Mais Marie récolte déjà les fruits de sa foi :

depuis toujours elle tentait d'accueillir la Parole,

et cette Parole de Dieu est aujourd'hui plus forte que la peur !

Sa foi « convertit » sa peur en confiance.


L'amour de Dieu et la confiance de Marie font alliance,

et le Verbe se fait chair !

Dieu créateur devient embryon et fœtus au ventre d'une femme.

Dieu est humain, Dieu est charnel !

Et l’homme qui va naître de ce ventre maternel dira un jour,

avec toute l’épaisseur de son humanité : « Qui m'a vu, a vu le Père. »


ET JOSEPH DANS TOUT CA ?


Mettez-vous à la place de Joseph !

Catastrophe dans la vie d'un jeune couple :

à peine promis l'un à l'autre, elle « tombe » enceinte ;

et son « fiancé » sait que cet enfant ne vient pas de lui !

Un amour trahi, un homme trompé,

un univers qui s'écroule, l'avenir défiguré.

Il n'a plus qu'à la renvoyer avec pertes et fracas,

à sombrer dans la colère ou l'infinie tristesse, aigri pour longtemps :

il passera sa vie à la dénoncer ou à se venger d'elle.

Combien d’entre nous auraient réagi ainsi !


Mais voici ce que dit l’Evangile (Matthieu 1, 19) :

Joseph, son époux, qui était un homme juste,

et ne voulait pas la dénoncer publiquement, décida de la renvoyer en secret.


Qu’est-ce qu’un homme juste ? Regardez Joseph :

il renonce à la dénoncer, il renonce à l'accuser, il renonce à l'excuser !

Il choisit de plonger au plus profond de lui et de sa blessure,

en cette nuit profonde ou plus rien ne s'explique et ne se justifie,

dans ce dénuement qui laisse les mains vides et le cœur en attente.


Et tout au fond de sa blessure accueillie et écoutée,

Il lâche prise lui aussi, et il entend ceci :

« Joseph, fils de David, ne crains pas de prendre chez toi Marie, ton épouse,

puisque l’enfant qui est engendré en elle vient de l’Esprit Saint. » (Mt 1, 20)


Cette vie que porte sa bien-aimée ne vient pas du viol d'un rival,

c'est un don gratuit et surprenant, comme toute vie ;

il n'aura possédé ni son épouse, ni la vie qu'il aurait pu contrôler et s'approprier ;

il est le juste, traversant l’adversité et l’épreuve,

pour y découvrir une signification inattendue, bouleversante mais lumineuse.


L'histoire de Marie et de Joseph ressemble à notre propre histoire :

c’est souvent dans l’inattendu, et parfois dans l’insensé,

que peuvent s’ouvrir des chemins imprévus mais vivifiants.



Marc THOMAS

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